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Évangile selon Luc 19 / 28-40
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texte : Évangile selon Luc, 19 / 28-40 (trad. : Bible à la colombe)
première lecture : Épître aux Philippiens, 2 / 1-11
chants : 33-33 et 44-07 (Alléluia)
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Chers amis, à quoi sert donc cet âne, sinon à ce que Jésus puisse descendre sans fatigue le Mont des Oliviers vers Jérusalem ? Eh bien, comme de nombreux pasteurs et prédicateurs avant moi ont dû vous le suggérer, cet âne, c’est vous ! Mais je vais y revenir…
Notez tout d’abord que cet âne est témoin. Il est témoin de ce que Jésus est celui qui accomplit toutes les Écritures, celui que ces Écritures d’Israël annonçaient. Il est le roi messie qui sera un meilleur roi que tous les Davidides. La « virginité » de l’âne, si j’ose dire, en est la preuve : Jésus est plus que fils de David, il est roi à nouveaux frais, il est un roi inattendu, inouï. Mais comme David il est aussi roi prêtre, et sa descente au Temple ensuite le montrera bien, prêtre là encore d’un nouveau sacerdoce, inattendu, inouï, victime lui-même d’un sacrifice unique et parfait, comme le dira l’Épître aux Hébreux. Et parce que l’ânon est témoin de cet accomplissement, la foule des disciples, le voyant, change d’attitude et acclame joyeusement ce roi (et non pas l’âne, bien sûr).
Mais ce qui peut faire dire que ce témoin, c’est vous et moi aussi, ce sont deux choses annoncées par Jésus et réalisées dans la suite du texte. D’abord, cet ânon, il y a besoin de le « détacher ». Il n’est pas libre. Et là où il est, il n’accomplit pas sa vocation. Et même si sans doute il sert, eh bien il ne sert à rien ! Sa liberté ne va pas consister à aller courir tout seul dans la nature ou dans les rues – comme aujourd’hui beaucoup de gens conçoivent leur liberté et en sont frustrés et déçus – mais elle va consister à servir Jésus. L’appel de Jésus le libère de son ancienne servitude pour qu’enfin sa vraie vocation s’accomplisse. L’appel de Jésus nous a libérés, et continue de nous libérer, de toutes nos servitudes, de tous nos esclavages ; il nous fait passer de la vanité de la mort au joyeux service de la vie.
Et puis, argument supplémentaire et irréfutable : « le Seigneur en a besoin ». Lorsque nous avons été requis, que ce soit au berceau ou beaucoup plus tard, ce n’est pas parce que nous avons choisi Jésus, c’est parce que lui nous a choisis, comme il le dira lui-même (Jean 15 / 16). De même, et quels qu’aient été les moyens de leur appel, pour les pasteurs et les conseillers presbytéraux dans leurs ministères respectifs. « Le Seigneur en a besoin » est une raison nécessaire et suffisante. D’ailleurs personne ne bronche, dans le texte ! Car c’est une joyeuse nouvelle qui jette aux oubliettes toutes les bonnes raisons qui pouvaient s’y opposer.
Enfin, je voudrais souligner que cet âne, ce n’est pas seulement nous, car les disciples, dans ce texte, sont aussi ailleurs. Mais deux d’entre eux sont envoyés chercher l’ânon. Celui-ci est donc aussi extérieur : il est la figure de tous ceux qui ne suivent pas encore Jésus, et que nous, nous avons à aller chercher, à « détacher » de ce qui les retient et à les lui amener, parce que « le Seigneur a besoin » d’eux – quel que soit notre avis sur la question ! Nous ne sommes pas ministres de nous-mêmes, mais du Seigneur Jésus-Christ, qui a donné sa vie pour nous ; et nous ne sommes pas ministres pour nous-mêmes, mais pour en appeler d’autres. Sinon, à quoi servirait l’Église ?! Amen.
Raon-l’Étape (ouverture de l’assemblée générale) – David Mitrani – 20 mars 2016