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Psaume 31 / 2-3
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texte : Psaume 31 / 2-3 (trad. : Parole de vie)
autres lectures : Jérémie, 12 / 1-3 ; Épître aux Romains, 5 / 1-5
chants : 244 et 411 (Arc-en-ciel)
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Chers amis, triste époque que nous vivons, puisque nos jeunes gens et jeunes filles, et en particulier aujourd’hui Sheryl, nous disent combien cette époque leur fait peur, combien ce monde est pour eux synonyme de mal, de chaos. Là où d’autres générations, plus gâtées, espéraient le confort et la réussite, celle d’aujourd’hui redoute la souffrance et dénonce l’aisance des gens injustes. Pourtant, en même temps, le psaume choisi par Sheryl nous dit sa confiance, tout comme le prophète lu par sa sœur nous avait annoncé la justice de Dieu. Quant à l’apôtre, il nous dit la foi, l’espérance et l’amour au cœur-même de la souffrance. Alors, qu’en dirons-nous ?
Une première constatation est celle que faisait l’Ecclésiaste en son temps, au cœur de l’Ancien Testament : « Ce qui a existé existera encore. Ce qui a été fait se fera encore. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. On peut dire de quelque chose : “Voyez, c’est nouveau !” Pourtant, cela existait longtemps, longtemps avant nous. Nous, nous oublions ce qui s’est passé autrefois. Et ceux qui viendront ensuite oublieront à leur tour ce qui va se passer après nous. » (Eccl. 1 / 9-11) Cela relativise un peu ce qui se passe aujourd’hui, nos craintes comme nos espoirs. Mais cela ne nous rassure pas sur la nature humaine ! La jalousie, la soif de pouvoir, le meurtre, la guerre, existent depuis toujours : il n’y a qu’à relire les premiers chapitres de la Bible et tous les prophètes ! Et nous pouvons réaliser alors combien les paroles du prophète Jérémie, si elles sont justes, sont néanmoins naïves, comme si lui, pourtant choisi par Dieu, pouvait vraiment croire, comme il le dit à Dieu, que « mon cœur est avec toi… » Qui donc oserait reprendre à son propre compte une telle présomption ? Moi, je sais bien que mon cœur n’est pas avec Dieu, qu’il s’oppose sans cesse à lui, à ce que je sais être la justice et la volonté de Dieu…
C’est alors, si je pose la question à Dieu : « pourquoi tolères-tu tant de mal dans le monde ? », oui, c’est alors que je l’entends me répéter la question, mais en me l’adressant à moi-même, en nous l’adressant à nous tous. Je suis le frère de gens plus mauvais que moi, et aussi de gens meilleurs que moi. Et tout ce qui fait qu’ils sont bons ou méchants se trouve aussi dans mon propre cœur… Ce n’est pas Dieu qui fait le mal, ce sont ceux qui s’écartent de lui pour regarder leur propre intérêt, agités ou pétrifiés par leurs propres peurs, leurs propres soifs, leurs propres combats. Et je ne suis pas si loin d’eux que ça… Et pourtant, j’aurais la possibilité de m’approcher de Dieu, pour regarder ses commandements et les mettre en œuvre dans ma vie et dans le monde qui m’entoure. Mais j’en suis incapable. Je suis incapable de faire reculer en moi le mal qui s’y cache, et donc j’en suis encore plus incapable dans le monde. Si le mal s’attaque au mal, si la haine s’attaque à l’injustice, comment la barbarie ne régnerait-elle pas ?!
Écoutons donc l’apôtre Paul nous dire autre chose : « Maintenant nous sommes en paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ. Nous croyons et, par Jésus, nous pouvons nous approcher du Dieu d’amour en qui nous vivons maintenant. » Ce dont il parle, ce n’est pas de notre justice à nous, c’est ce que Dieu fait pour nous, en nous, à cause de Jésus. Lorsque nous croyons en Jésus, lorsque nous faisons confiance à sa mort et à sa résurrection pour nous, lorsque nous nous mettons à vivre non plus de nous-mêmes et de nos propres forces, mais de ce que l’Esprit saint met en nous, de ce qu’il souffle sur nous, alors des choses changent. Je ne parle pas de croyance, n’est-ce pas, ni de religion : peu importe ce que nous avons dans la tête comme idées religieuses et peu importent nos rites et nos célébrations. Je parle de la foi chrétienne, de cette confiance en Dieu qu’il dépose lui-même dans nos cœurs par Jésus-Christ. C’est dans cette confiance et cette paix que Dieu agit et nous change.
Cela changera-t-il le monde ? L’expérience prouve à la fois que oui et non. Oui, dans cette partie du monde où la confiance dans le Dieu de Jésus-Christ a été prêchée et vécue, eh bien l’humiliation des femmes a reculé, les enfants ne sont plus considérés comme des objets, les gens de toutes races ont les mêmes droits. Et non, parce que ces progrès conformes à la volonté de Dieu exprimée dans la Bible sont encore bien fragiles, et les dérapages tellement fréquents, même chez nous : la presse s’en fait sans arrêt l’écho… C’est la sève qui monte du tronc qui fait vivre et tenir les branches. Si on les coupe de cette sève, c’est-à-dire si les gens se croient en pays chrétien sans avoir eux-mêmes la foi, alors le diable qui était sorti par la porte revient par la fenêtre, n’est-ce pas ? Ce n’est pas l’étiquette de chrétien qui produit de bons fruits, c’est la foi, c’est la confiance en Dieu, le fait de compter sur lui pour tout.
C’est exactement ce que nous dit le verset du psaume 31 choisi par Sheryl. La question n’est pas d’où vient le mal, d’où vient la souffrance, pourquoi l’injustice, etc. La question est de se confier à Dieu, de savoir qu’il est « pour moi le solide rocher qui m’abrite, l’endroit sûr qui peut me sauver. » La bonne nouvelle, la parole qui fait du bien, qui fabrique du bien en nous, dans nos vies, c’est bien celle-ci, que Dieu nous prend sous sa protection, qui que nous soyons, quoi que nous ayons fait de bien ou de mal, dès lors que nous l’acceptons, dès lors que nous sommes touchés par son amour paternel qu’il a montré en nous offrant son propre Fils, sa propre vie. La prière suppliante du psaume : « Tu es fidèle, délivre-moi ! Tends l’oreille vers moi, viens vite à mon secours ! », cette prière a été exaucée en Jésus-Christ. Et cet exaucement prend corps dans ma vie lorsque je reçois Jésus comme Seigneur et Sauveur, c’est-à-dire non seulement quand je dis oui une première fois, mais à chaque fois que je m’attache à lui et qu’il se donne à moi au milieu de mes frères et sœurs, dans la prédication et dans la communion, Parole de Dieu pour moi à la fois audible et compréhensible, et visible et sensible.
Notre Dieu ne juge pas celui ou celle qui souffre, qui a mal, qui vit mal. S’il jugeait, nous serions tous trouvés coupables, je vous le disais tout à l’heure. Mais de ce jugement nous sommes délivrés par lui, comme Jésus le disait à Nicodème : « Oui, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Ainsi, tous ceux qui croient en lui ne se perdront pas loin de Dieu, mais ils vivront avec lui pour toujours. En effet, Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais il l’a envoyé pour qu’il sauve le monde. Celui qui croit au Fils n’est pas condamné. Mais celui qui ne croit pas, celui-là est déjà condamné parce qu’il n’a pas cru au Fils unique de Dieu. » (Jean 3 / 16-18) Dieu s’attaque au mal en s’attaquant à ce qui, en nous, produit le mal. Il nous protège de nous-mêmes, en nous apprenant à vivre pour lui et pour les autres.
Car celui qui se sait protégé, celui qui n’a plus peur, peut vivre pour les autres : il n’a plus besoin de vivre pour lui-même, de se défendre, de se barricader physiquement ou moralement. Il peut vivre des relations désintéressées, qui sont ce que la Bible appelle l’amour : vivre pour l’autre, pas pour moi. C’est exactement ce que Jésus a fait pour moi : il a vécu et il est mort pour moi, pas pour lui-même, et il est ressuscité pour que je puisse le suivre sur ce chemin. Et si, sur ce chemin, je subis des attaques, qu’elles soient physiques, morales, sociales, spirituelles, ou je ne sais quoi d’autre, alors la souffrance causée, au lieu d’être une occasion de tomber, pourra devenir un tremplin vers encore plus de confiance, encore plus d’espérance, encore plus d’amour. C’est ce qu’écrivait Saint Paul. C’est ainsi que le pardon, impossible, devient possible. C’est ainsi que ma propre vie, ma petite vie à moi, peut témoigner de l’amour sans mesure de Dieu.
Car c’est à cela que nous sommes appelés. Nous n’avons pas été placés dans ce monde, dans ce pays, dans cette époque, pour y souffrir et pour attendre que ça se passe, ni même pour changer ce monde qui fonctionne comme ça depuis toujours. Mais nous sommes ce que nous sommes, là où nous sommes, pour y être des témoins de Jésus-Christ, et de sa victoire sur la mort, le mal, l’injustice, la souffrance. Ce n’est pas par notre bonté que nous serons ses témoins, sinon, pauvre témoignage ! Non, c’est par la confiance que nous lui faisons, et dans laquelle nous sommes libérés de tout mal, le mal que nous subissons comme celui que nous faisons. Quel que soit notre âge, notre condition sociale, notre santé, notre compte en banque, l’Esprit de Dieu nous rend capable de ce témoignage, il nous rend capable de cette confiance dans laquelle nous ne risquons plus rien. « Je chante la louange de Dieu à cause de sa parole, j’ai confiance en Dieu, je n’ai pas peur. Qu’est-ce qu’un homme peut faire contre moi ? », comme le chante un autre psaume (Ps. 56 / 5)
Chers amis, et toi aussi Sheryl, puisse cette confiance grandir encore en vous. Les uns et les autres, nous n’en sommes qu’à des balbutiements. Mais le Seigneur est fidèle, c’est lui qui le fera. Ne cessons pas de le lui demander, et n’ayons pas peur de ce que son Esprit produira en nous : laissons-le guider notre vie et notre témoignage, afin de briller de sa lumière dans les ténèbres qui nous environnent, puisque telle est la mission de son Église. Laissons-le se servir de nous. Amen.
Saint-Dié (confirmation) – David Mitrani – 22 mai 2016