Première épître aux Corinthiens 15 / 19-28

 

texte :  Première épître aux Corinthiens 15 / 19-28

premières lectures :  Premier livre de Samuel 2 / 1-8a ; Évangile selon Marc 16 / 1-8

chants :  34-29 (Alléluia) et 430 (Arc-en-ciel)

téléchargez le fichier PDF ici

 

Alléluia ! Le Christ, notre Seigneur, a pris place sur « le trône de gloire », il a été relevé à jamais de la mort ! La question qui se pose (toujours) est : en quoi cela nous concerne-t-il, en quoi notre réalité est-elle changée par cette heureuse nouvelle ? C’est que nous sommes toujours un peu des païens, nous nous représentons les choses comme de la mythologie – c’est ce que nous avons appris à l’école : les dieux et les héros s’arrangent entre eux, mais ça ne nous concerne que de loin ! Le christianisme serait-il une mythologie parmi les autres ? Serait-il une religion comme les autres, une de ces religions dont on nous serine aujourd’hui qu’elles sont la cause des guerres et, maintenant, des épidémies… Comme s’il était un crime de se réunir entre croyants lorsque ce n’est interdit par aucune réglementation… Il y a bien assez de pays où les chrétiens n’ont pas le droit de se réunir simplement parce qu’ils sont chrétiens !

 

Nous ici-bas, pauvres « pèlerins » abusés et nocifs, et Jésus et son Père là-haut… Fausses images, bien sûr, l’une comme l’autre. Le Christ mène certes un combat. Il le mène depuis l’aube des temps. Il le mène dans notre humanité depuis le premier Noël, et sa mort et sa résurrection y sont sa victoire. Sa victoire dans ce combat gagné ici-bas, là où nous sommes, là où nous vivons, souffrons et mourons. Sa victoire dont toutes les conséquences seront visibles et achevées dans l’univers entier en un jour qui ne nous est pas accessible tant que nous n’y sommes pas encore, mais qui est promis et certain. Mais dès maintenant, sa victoire à lui nous permet à nous de poursuivre le combat victorieux dans nos existences quotidiennes. C’est comme lors d’une guerre, quand il reste des poches de résistances qui refusent la capitulation. Ou comme ce sera avec le virus lorsque nous sortirons enfin – là non plus nous ne savons pas quand ! – victorieux, mais avec des risques qu’il se cache encore dans des coins pour nous sauter dessus.

 

Aujourd’hui, là où nous sommes, tels que nous sommes, la question est toujours la même, mais non plus face à la mythologie. La question se pose de notre propre positionnement par rapport à la victoire de Jésus sur la mort : en quoi sommes-nous concernés, en quoi voulons-nous être concernés ? Sommes-nous prêts à nous laisser atteindre par ce flux de vie éternelle qui émane du Christ et qui veut vaincre en nous ce qui nous blesse et nous tue ? Sommes-nous prêts à changer concrètement, à remettre vraiment à Dieu ce qui nous fait du mal, mais aussi ce par quoi nous faisons du mal ? La résurrection du Christ signifie que sa vie peut détruire la mort : sa vie détruira-t-elle notre propre mort ? De son point de vue à lui, la réponse est oui ! Il nous l’a dit, tout le Nouveau Testament et beaucoup de l’Ancien en témoignent pour nous. La question est : et de notre point de vue à nous, de mon point de vue à moi, chrétien ?

 

La mort et la résurrection de Jésus ont changé la religion : elle n’est plus un système de croyance et de morale, mais une relation personnelle avec ce Jésus qui était mort et qui est vivant aujourd’hui, vraiment Dieu et vraiment un homme comme moi. C’est dans cette relation que la victoire du Christ peut devenir la mienne. C’est dans cette relation de foi qu’il peut m’atteindre et me transformer. C’est ce qu’il disait à Marthe après la mort de Lazare : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11 / 25-26) À Pâques nous fêtons la véracité de l’affirmation de Jésus ce jour-là. Sinon, pourquoi croire en lui ?! Mais la question qui nous intéresse existentiellement est la question qu’il adressait directement à Marthe : « crois-tu cela ? »

 

Est-ce que je suis prêt à cette confiance, est-ce que je suis prêt à m’abandonner à celui qui me dit ça ? Vous connaissez la fameuse histoire du type qui est tombé dans un ravin, mais qui se retient à une branche, une seule branche – comme dans les films américains ! – et qui appelle au secours. Dieu lui répond en lui disant de lâcher prise, que lui est là. Et le gars demande : « Il n’y a pas quelqu’un d’autre ? » … Lorsque nous sommes lucides sur nous-mêmes, nous savons que nous sommes dans une telle situation. Or, qu’on se le dise : non, il n’y a personne d’autre ! « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les humains », comme l’écrivait l’apôtre Paul. Mais comme il l’écrivait ailleurs : « Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? – Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » (Rom. 7 / 24-25a) Comme le prêchait Pierre selon le livre des Actes des Apôtres : « il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les humains, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4 / 12)

 

Il est difficile de faire confiance, car la confiance, par définition, se passe de preuves. Elle considère seulement que l’autre est digne de confiance. Or, si Christ est vraiment ressuscité, oui, il est digne de confiance, infiniment plus que moi, que vous, que les meilleurs des hommes et des femmes de ce monde. Il est digne que je lui fasse confiance, même s’il veut me mener là où je ne veux pas aller, là où j’ai peur de me perdre, là-même où je sais – humainement – que je vais mourir. Mais spirituellement, cette confiance me convainc que la mort, la mienne, n’aura jamais le dernier mot. Les nombreuses personnes qui, aujourd’hui, luttent pour la vie de leurs semblables en sachant que peut-être la mort les attend à cause de cela, les soignants, les policiers, les gens qui servent dans les commerces et les transports, etc., ces gens sont admirables. Je plains ceux d’entre eux qui n’ont d’espérance que pour cette vie. Mais je sais que, pour eux comme pour moi et comme pour vous, Christ est mort et il a vaincu la mort. Saurai-je m’abandonner à lui ?

 

(Saint-Dié) en confinement  –  David Mitrani  –  12 avril 2020

 

 

Contact