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Jérémie 31 / 31-34
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texte : Jérémie 31 / 31-34
autres lectures : Épître aux Éphésiens 3 / 14-21 ; Évangile selon Jean 16 / 5-15
chants : 35-19 et 35-07 (Alléluia)
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« Voici que les jours viennent », déclarait notre Dieu par l’intermédiaire de son prophète Jérémie. Cette prophétie a bien sa place entre l’Ascension et Pentecôte, qui célèbrent les jours entre lesquels les apôtres, la famille de Jésus et d’autres encore (Actes 1 / 12-26), attendaient l’Esprit promis (v. 8), et en profitaient pour organiser une élection complémentaire… « Voici que les jours viennent », disait-il il y a 2 600 ans. Les jours sont-ils venus, et quand, et pour qui ? La prophétie était adressée à « la maison d’Israël et la maison de Juda », mais ces royaumes ont disparu il y a fort longtemps, et l’actuel État d’Israël n’a rien qui pourrait leur ressembler, et surtout pas quelque chose qui évoquerait l’accomplissement de la prophétie. La lecture chrétienne de l’Ancien Testament considère donc que ces versets sont adressés à l’Église, c’est-à-dire aux chrétiens, et concernent Jésus et son Esprit.
Car, oui, les jours sont venus, il y a longtemps : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple », cette promesse a été réalisée en Jésus, sur sa croix, bien plus largement que pour le seul Israël, et sans aucun mérite de la part de qui que ce soit d’autre, et surtout pas de la part de l’Église qui allait s’ensuivre ! Nous n’avons – en tout cas moi – aucun problème à confesser cela. Le problème, les questions arrivent, avec les autres phrases ! Qu’en est-il en effet de la « loi écrite sur leur cœur », « au-dedans d’eux » ? Et qu’en est-il de la connaissance universelle de ce Dieu qui a pardonné les péchés ? Car l’Église n’est pas constituée de tous les humains, cela saute aux yeux, et ce serait faire injure à ceux qui ne sont pas chrétiens que de les y englober de force… Comme le disent tant de textes, notamment les deux autres de ce culte, et cette conclusion découle aussi de cette prophétie, l’Église – « la maison d’Israël » pour le dire comme Jérémie – est constituée de ceux qui, par la foi, ont reçu le pardon de leur péché et qui, donc, vivent de ce pardon. Or ce pardon nous est venu par Jésus-Christ.
Ainsi, ce qui nous constitue, ce ne sont pas nos œuvres, ni passées ni futures, mais c’est l’accomplissement de cette promesse : « je pardonnerai leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché. » Sans doute trouvez-vous qu’en ce moment je vous parle beaucoup de pardon – si vous avez lu ou suivi mes précédentes interventions. C’est parce qu’il est central. Je ne suis pas bon, ni vous non plus. Et quand je le suis, c’est parce que j’y suis intéressé, ne serait-ce que pour une bonne image de moi-même à mes propres yeux… Et il est clair tout autant que je n’en suis pas à pouvoir me passer qu’on me dise : « Connaissez l’Éternel ! » Ni vous non plus, puisque justement je suis en train de vous le dire…
Nous sommes donc, nous aussi, avant « les jours » dont il était question dans la prophétie. Ces jours sont venus en Jésus-Christ, vous disais-je, et c’était il y a presque 2 000 ans. Et ces jours ne sont pas venus pour nous, il suffit de nous regarder vivre pour le savoir. Enfin… ils ne sont pas totalement venus. Car nous connaissons la promesse et nous savons que son accomplissement est pour nous. Nous connaissons l’amour que Dieu nous a porté en Jésus-Christ. Mais pourtant nous avons quelque peine à en mesurer « la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur. » D’ailleurs, comment mesurer quatre dimensions spatiales quand notre univers n’en connaît que trois ?! À moins que la dimension supplémentaire soit justement celle qui nous manque la plupart du temps, la dimension spirituelle…
Car pour bien mesurer les quatre, nous avons besoin de l’Esprit de vérité qui nous a été promis et offert. Cela signifie aussi qu’il nous faut arrêter de vouloir mesurer « l’amour du Christ » par nous-mêmes. Nous en sommes incapables, tous. « Aucun vivant n’est juste devant toi », chantait David (Ps. 143 / 2). « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu », selon ce que Paul écrivait ailleurs (Éph. 2 / 8). Quelle conclusion faut-il en tirer pour nous qui nous savons imparfaits ? C’est qu’il nous faut arrêter de chercher. Nous sommes comme ces gens qui ont perdu quelque chose dont ils ont absolument besoin – clefs ou portefeuille – et qui le cherchent dans tous les coins en s’énervant de plus en plus, c’est-à-dire en étant de moins en moins efficaces ! Ils s’arrêteraient un peu, ils se reposeraient, ils verraient bien que ce qu’ils cherchaient était là, sous leurs yeux, à leur disposition…
Notre inquiétude, notre désir de chercher et de comprendre par nous-mêmes, voilà ce qui nous empêche de trouver, d’autant plus alors que des bruits, des perturbations multiples, s’en mêlent, nous crient l’urgence, comme si notre salut et le salut du monde en dépendaient. Eh bien non, rappelez-vous, votre salut n’en dépend pas, il vous a été acquis sur la croix de Jésus. Quant au salut du monde, laissez-le-lui aussi, il sera en de meilleures mains que même dans toutes les nôtres réunies, dont nous n’avons jamais su quoi faire de bon. La foi, c’est de se reposer dans cette confiance, et de laisser le Saint-Esprit promis faire son œuvre en nous, que ce soit pour notre propre connaissance, pour notre témoignage, pour nos œuvres bonnes : c’est lui qui accomplit tout cela en nous !
« Je pardonnerai leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché. » Entendez donc enfin que cette parole est réalisée et que « vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. » (1 Jean 5 / 13). Car « la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. » (Actes 2 / 39) Dieu vous le dit par Jérémie : c’est votre faute qui est pardonnée en Christ, c’est votre péché dont il ne sera plus jamais fait mémoire devant le juste Juge. La foi n’est pas de savoir ou de faire, c’est d’accepter ce pardon. Ainsi vous connaîtrez l’Éternel, car c’est son Esprit qui aura alors la place en vous d’en témoigner pour vous. Laissez-lui cette place, acceptez son pardon, vivez de cette grâce. « Voici que les jours viennent… » Amen.
(Saint-Dié) en confinement – David Mitrani – 24 mai 2020