Évangile selon Marc 14 / 53 – 15 / 47

 

texte :  Évangile selon Marc 14 / 53 – 15 / 47

premières lectures :  Évangile selon Marc 14 / 1-52

chants :  33-06, 33-11, 33-13 et 33-08

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Hallucinant mimétisme ! Ils se ressemblent tous, tous les adversaires de Jésus. Tous ils redisent les mêmes phrases : « Es-tu le roi des Juifs ? » ou « Es-tu le Christ ? », « Ne réponds-tu rien ? » Tous ils reproduisent les mêmes ges­tes, tortures et crachats… Que ce soit les grands-prêtres et leurs affidés, que ce soit Pilate et ses soldats, et nous entendrons bientôt les passants et les au­tres crucifiés faire de même à leur manière… Unanimité contre Jésus. Ou alors, comme Pierre : « Je ne sais pas. », « Je ne connais pas cet homme. » La crucifixion du « Fils du Béni », comme dit le grand-prêtre, est la conséquence de cette unanimité. Aucune voix ne s’élève pour s’y opposer. Adversaires ou lâches, pas un pour racheter les autres…

 

Racheter… C’est pourtant ce que cette crucifixion va produire. Étrangement, parce que tous sont contre lui activement ou passivement, tous seront appelés au salut, tous auront l’opportunité de saisir ce salut offert à tous. Parce que tous ont malheureusement le devoir de se reconnaître coupables de cette mort, de ce péché suprême qui les récapitule tous, de même tous pourront entendre l’annonce du salut offert par le Ressuscité, tous pourront être « rachetés de la vaine manière de vivre héritée de vos pères, par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache », comme l’écrira Pierre plus tard (1 Pi. 1 / 18-19).

 

Vous et moi, nous aurions pu nous trouver au palais du grand-prêtre, siéger au sanhédrin, être dans la cour, ou bien être au prétoire romain, être spectateurs de la crucifixion, crier avec les loups ou tâcher de passer inaperçus… Nous aurions fait partie de cette unanimité. Comme aujourd’hui nous avons toujours cette tentation, passer inaperçus parmi les païens, les agnostiques et les athées, ne pas révéler autrement que par une fugitive croix huguenote que « nous aussi, nous sommes de ces gens-là… » Quand nous ne sommes pas de ceux qui voulons que les chrétiens se taisent ! Notre manque de foi rejoint et couronne nos autres péchés. Nous partons enterrer Jésus…

 

Serons-nous là au matin du tombeau vide ? Serons-nous comme les saintes femmes : « Elles ne dirent rien, car elles avaient peur… » (Marc 16 / 8) ? C’est un autre avenir qui nous attend. Comme le disait un de nos vieux cantiques : « Nous n’avons autre chose à proclamer au monde que la croix du Sauveur, mort et ressuscité. » (Alléluia n° 36-19 : « Non point à nous, Seigneur ») Nous taire ou témoigner. Vivre comme Christ pour les autres, ou bien nous replier pour nous jusqu’à la mort pour toujours. Être reconnaissants dans nos paroles et nos actes, ou disparaître…

 

Saint-Dié (Vendredi saint)  –  David Mitrani  –  19 avril 2019

 

 

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