Évangile selon Marc 10 / 13-16

texte :

Des gens amenèrent [à Jésus] des petits enfants pour qu’il les touche. Mais les disciples leur firent des reproches. Jésus, en le voyant, fut indigné et leur dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour leurs pareils. En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera pas. » Puis il les embrassa et les bénit, en leur imposant les mains.

 

 

chant :  36-22

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prédication :

 

Chère Loriane, chers amis, il y a une chose qui me chagrine dans la chanson d’Hugues Aufray (Guidez mes pas) que nous avons écoutée tout à l’heure, alors qu’elle chante beaucoup de choses très bien, qu’elle a été très bien choisie pour ce culte aujourd’hui. Ce qui me chagrine, c’est qu’elle nous dit qu’il faut « gagner le ciel » et qu’elle demande « Écrivez mon nom là-haut dans le ciel ». Loriane, je voudrais te dire que ça, tu n’en as pas besoin, tu n’en auras jamais besoin. Ton nom a été écrit sur la paume de la main de Dieu. Je ne sais pas si c’était déjà avant ce baptême, mais le baptême nous le dit : c’est parce que nous sommes les enfants de Dieu.

 

Comment cela se fait-il que nous soyons ses enfants ? Est-ce parce que Dieu nous a créés ? Il nous a créés, oui, c’est-à-dire qu’il est l’origine et le sens de la vie du monde et de toutes les créatures. Et il aime toutes les créatures, en particulier les humains avec qui il veut partager leur histoire, et qu’il veut avoir comme partenaires, pas comme esclaves. Mais Dieu n’a-t-il pas un Fils unique, Jésus ? Oui, bien sûr. Mais à cause de ce Fils, il a adopté aussi beaucoup d’autres enfants, qu’il aime comme il aime Jésus. Pour nous chrétiens, il y a quelque chose de plus que d’être les créatures de Dieu : nous connaissons l’amour de Dieu pour nous parce que Jésus est venu nous le dire, et même nous le montrer par sa vie et par sa mort : il a donné sa vie pour nous, il nous a donné sa vie. Alors, tout ce qui nous fait du mal n’a plus de prise sur nous, et ne peut plus abîmer ce que nous sommes – oui : les enfants de Dieu. Mais qu’est-ce que c’est, être un enfant ? Toi, Loriane, tu le sais, mais tu ne sais peut-être pas l’expliquer, puisque tu n’es pas encore adulte Le petit texte biblique que je viens de lire nous le dit un petit peu, je vais essayer de vous le montrer…

 

D’abord, nous dit cette histoire, les enfants ont été amenés vers Jésus. Je pense, Loriane, que, dans beaucoup d’endroits, tu ne peux y aller que si tes parents, ou d’autres gens, t’y emmènent. Tu n’es pas libre d’y aller seule, mais tu as une plus grande liberté : c’est que des gens t’y conduisent ! Ils te conduisent là où ils pensent que c’est bon pour toi. Et ils te conduisent aussi là où tu veux aller, s’ils pensent que c’est bon pour toi, ou au moins que ce n’est pas mauvais. Et ils ne t’emmènent pas là où ils pensent que ce serait mauvais, même si toi, tu voulais. C’est vraiment une grande liberté, c’est celle de l’amour : il y a des gens qui prennent soin de toi autant qu’ils peuvent, même s’ils ne peuvent pas tout. Profites-en ! Dieu fait la même chose pour ses enfants, quel que soit leur âge : il les aime de cette sorte d’amour qui ne peut pas tout parce qu’elle respecte les gens qu’on aime, mais par laquelle on se donne à l’autre pour lui et pas pour soi. C’est le contraire de l’égoïsme. C’est ce que disait aussi le poème qui a été lu (in Khalil Gibran : Le Prophète). Loriane, tu es aimée de cet amour-là, par tes parents et par ton Dieu, et ce sera toujours vrai : le temps n’y changera rien.

 

Et puis, dans cette histoire, les enfants sont spontanés. Ils veulent venir vers Jésus, alors ils y vont. Ils ne sont pas retenus par des « il ne faut pas, on va le déranger » ou bien « je n’ose pas, peut-être qu’il ne me connaît pas », ou encore « je n’ai rien à lui dire » ou « je ne sais pas parler », ou bien « il va se moquer de moi, ou me gronder », etc. Plein d’excuses qui sont des excuses d’adultes. Loriane, toi tu as voulu venir vers Jésus, apprendre à le connaître, profiter de son amour pour toi, que tu découvres peu à peu. Reste comme ça ! Reste un modèle pour les adultes, afin que nous réapprenions à être des enfants devant Dieu, libres, spontanés, aimants en retour de son amour à lui. Car l’amour de Dieu est un cadeau. Refuse-t-on un cadeau ? Un enfant, c’est quelqu’un qui aime les cadeaux et qui les apprécie, en principe ! Adulte, on n’ose plus vraiment offrir des cadeaux à un autre adulte qu’on aime : c’est dommage ! Le cadeau de Dieu pour nous, c’est Jésus, c’est la paix, la joie, l’amour – comme nous l’avons chanté tout à l’heure (Alléluia n° 52-05). Les enfants aiment faire des cadeaux : que les enfants de Dieu, qui vivent de l’amour reçu de Dieu, continuent donc à l’offrir aux autres !

 

Et puis, un enfant, c’est quelqu’un qui dit ou qui montre quand il est heureux ou quand il est malheureux. Enfants de Dieu, nous avons aussi cette liberté précieuse qu’à Dieu notre Père, on peut tout dire, quelle que soit la manière de le dire ! Dans la Bible, il y a des gens qui prient, ils y a des gens qui chantent, il y a des gens qui racontent, il y a même des gens qui crient, qui pleurent, qui ne comprennent plus ce que Dieu fait ou veut et qui le lui reprochent. Il n’y a aucune manière particulière de s’adresser à Dieu, on ne se fera jamais rabrouer. Ça ne veut pas dire qu’il nous donnera sur le moment ce qu’on lui demande : c’est lui qui sait quoi, quand et comment. Mais chaque enfant de Dieu peut venir lui parler, et aussi l’écouter en lisant la Bible : je t’assure que, parfois ou même souvent, on l’entend nous dire des choses qui nous concernent ! Par exemple, on peut l’entendre nous dire que nous n’avons pas d’ennemis, contrairement à ce que nous croyons : comme lui, on peut toujours pardonner, on peut toujours aimer, on peut toujours partager des projets, même avec ceux qui ne le connaissent pas, qui ne connaissent pas Jésus, et à qui on a envie de parler de lui. Tout ce qu’il nous demande, c’est de nous aimer, de les aimer, comme lui nous aime, sans faire de distinctions. Et c’est bien. C’est un beau projet. Pas vrais, les adultes ? Amen !

 

Raon-l’Étape (baptême)  –  David Mitrani  –  18 juin 2023

 

 

 

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