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Évangile selon Luc 5 / 5-11
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texte : Évangile selon Luc, 5 / 5-11
autres lectures : Ésaïe, 6 / 1-8 ; première épître aux Corinthiens, 15 / 1-11
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« Avance en eau profonde » !
Dans l’évangile de Luc, c’est la première parole de Jésus adressée à Simon. En effet, quelques versets avant, Jésus logeait chez la mère de Simon qu’il a guérie d’une maladie. Je vous parle de Simon, mais c’est celui que Jésus, un peu plus tard appellera Pierre en lui disant que c’est sur cette pierre que son Église sera bâtie. Donc Simon, qui était sans doute accompagné de son frère André, mais dont on ne nous parle pas ici, nettoyait et rangeait ses filets tout comme Jacques et Jean dans l’autre bateau.
On travaille volontiers quand il faut ranger après une belle pêche, une belle récolte ou une belle chasse, mais lorsqu’on a passé toute la nuit à travailler pour rien, le cœur n’y est pas… le travail est plutôt une corvée… Et Jésus arrive, perturbe ce travail : il s’installe dans le bateau de Simon, l’empêchant de terminer son ouvrage, sa corvée ! Et il parle à la foule. Il est assis dans le bateau, d’abord, c’est plus sûr, mais surtout c’est la position de celui qui enseigne, au moins à l’époque de Jésus.
Imaginez les pensées de Simon ! Qui n’ose rien dire ! Il est fatigué, il a hâte de rentrer se reposer, mais d’abord il faut terminer le travail avec ces filets… ce travail pour rien… aucun bénéfice… Pas de poisson à manger, ni à vendre… Et Jésus qui enseigne les gens qui l’écoutent sur le rivage… Combien de temps tout ça va-t-il encore durer ??? Lorsque Jésus eut enfin terminé son enseignement, Simon devait penser : « enfin, je vais pouvoir terminer et me reposer, DORMIR !!! » Mais NON !!! « Avance en eau profonde » lui dit Jésus. Là, il exagère !!! Et Simon ne peut s’empêcher de lui répondre « Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je vais jeter les filets » … et vous connaissez la suite.
Que signifie pour nous cet ordre de Jésus, « avance en eau profonde » ?
Cela signifie que lorsqu’on lit un texte, biblique ou non, dans un premier temps on ne comprend que la surface de l’idée énoncée. Pour en comprendre la « substantifique moelle » pour en obtenir du fruit, du bénéfice, il faut creuser et aller plus en profondeur. C’est un travail difficile : Simon, Jacques et Jean y ont travaillé toute la nuit… Sans rien attraper… !
Quand je lis ma Bible, parfois longtemps, il arrive que quand je la referme, je me pose la question ; « quel bénéfice ai-je eu à passer tant de temps à lire… ce matin je suis fatiguée, je n’ai pas assez dormi… »
Et Jésus nous dit : « Avance en eau profonde ! » Tout seul, c’est difficile de creuser un texte, d’en découvrir les fonds, de comprendre ce qui est pour moi, pour ma vie, pour ma compréhension de ma relation aux Écritures et à Dieu. Pour comprendre le sens profond d’un texte, le message qu’il me dit pour ma vie, il faut être accompagné : on n’embarque pas seul sur un bateau pour pêcher : se lancer seul dans la lecture de la Bible risque d’être peu fructueux ! Ce qui ne veut pas dire que cela est à proscrire !
Mais il y a d’autres manières d’aller à la pêche dans la Bible, par les études bibliques proposées par notre pasteur, mais aussi, pour aller encore plus en profondeur, pour prendre du temps quand je n’ai pas d’autres préoccupations en tête que ma recherche, loin de la foule, du monde: Jésus a quitté la foule qu’il enseignait, il est parti seul avec Simon, et Jacques et Jean les ont rejoints en « eau profonde ». La pêche a été au-delà de toute espérance, au-delà de tout ce que l’on peut imaginer.
Il existe des temps et des lieux propices à ces avancées en eaux profondes : des retraites spirituelles. Elles sont organisées le plus souvent par les communautés religieuses. Je vous abandonnerai au début de mars pour une retraite avec mes amis du Tiers Ordre des Diaconesses, comme tous les ans, mais il y a des retraites qui sont ouvertes à tous, il suffit de se renseigner, de chercher un peu et l’on trouve, à Hohrodberg, à Strasbourg, à Versailles, en Suisse ou à Pomeyrol… ces retraites se passent généralement en silence, mais il ne faut pas avoir peur du silence: ce n’est pas un silence pesant: il est apaisant ! Et il permet que la retraite porte du fruit. Il faut essayer… comme Simon a encore une fois jeté son filet alors qu’il était persuadé qu’il le faisait pour rien !!!
Observez aussi Jésus, lorsqu’il prie : que fait-il ? Il se retire, loin de la foule, loin du monde, dans un endroit où il est seul à seul avec son Père : souvent dans le désert, et il renvoie ses disciples, il ne leur permet pas de rester avec lui. À Gethsémané il s’écarte de ses amis qui l’accompagnent, mais il leur demande de veiller avec lui … ce qu’ils n’arrivent pas à faire !
Il est difficile de partie en eau profonde en restant tranquillement chez soi, au risque d’être perturbé par un téléphone, une visite impromptue, la vie de tous les jours: le facteur, la préparation d’un repas… et que sais-je encore: on n’est pas en eau profonde: on nage !!!
Il faut partir, tout quitter, changer de cadre, n’avoir aucun soucis matériel, et tout simplement vivre ce qui nous est donné à vivre, comme ces 3 ou 4 disciples de Jésus qui, sur une simple invitation du Maître ont tout laissé en plan pour aller en eau profonde avec lui !
C’est une expérience que je vous souhaite à chacun de vous.
AMEN !
Saint-Dié – Lisette Degrémont – 7 février 2016