Évangile selon Luc 18 / 9-14

 

texte :

Il dit encore cette parabole pour certaines personnes qui se persuadaient d’être justes et qui méprisaient les autres :
« Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était Pharisien, et l’autre péager. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : “Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont accapareurs, injustes, adultères, ou même comme ce péager : je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus.” Le péager se tenait à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais se frappait la poitrine et disait : “Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur.” Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. »

 

 

 premières lectures :  Michée 6 / 6-8; Épître aux Éphésiens 2 / 4-10

chants :  35-19 et 44-16

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prédication :

 

Voici une parabole, encore une parabole ayant pour sujet la prière ?
En effet, juste avant, dans ce même chapitre 18, Luc nous relate une autre parabole racontée par Jésus, la parabole dite de la Veuve et du juge.
Ici le sujet est tout autre. La prière oui, mais elle sert de support pour analyser notre attitude face à Dieu, face aux humains qui nous entourent, arrogance ou humilité ? A l’aide de 2 personnalités extrêmes, Jésus compare ce qui est incomparable ! Un pharisien et un péager (ou publicain dans d’autres versions).

 

Au verset 9, il est précisé que Jésus s’adresse à ceux qui sont convaincus d’être justes et méprisent les autres. Alors cette parole est-elle pour nous ? Nous qui avons reconnu, juste avant, que le pardon nous vient de Dieu. Oui, suivant les saisons de notre vie, nous pouvons nous retrouver dans les uns comme dans les autres.

 

Le pharisien, un homme religieux, et le péager, un collecteur d’impôts, se rendent tous les deux au temple, c’est le lieu où l’on rencontre Dieu.

 

Pour l’un c’est un rendez-vous obligé et pour l’autre un rendez-vous volontaire.

 

Le pharisien est membre du parti religieux le plus strictement attaché à l’observation de la Loi reçue et transmise par Moïse et des règlements que la tradition juive y a rajoutés. Mais son attachement à Dieu est formaliste. C’est cette hypocrisie que Jésus dénonce dans son discours rapporté dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 23. Pour le pharisien, c’est son job d’aller au temple, d’enseigner et de prier, c’est une obligation, c’est dans ses attributions.

 

Le péager, lui, est à l’opposé, un juif certes aussi, mais travaillant pour l’occupant romain. Il est chargé de la collecte des impôts et des taxes sur les marchandises. Comme il n’est pas rémunéré, il augmente les sommes dues par les contribuables pour se faire un salaire. C’était la pratique courante, normale. D’où le sentiment de profit et le mépris de la population à son encontre.
Pour lui, aller au temple, c’est un élan du cœur, vouloir s’approcher de Dieu est un désir.

 

Analysons maintenant l’attitude de ces deux hommes.

 

Le premier cité dans l’histoire, le pharisien, il se situe bien en vue et même s’il s’adresse à Dieu, en lui-même, « Ô Dieu ! » , ce n’est pas pour reconnaître qui Dieu est ou pour louer Dieu, non, c’est pour faire état de ce que lui, l’humain est, fait ou respecte ! Il étale toutes ses actions bonnes ! Il se mesure à Dieu ! Il se voit juste puisqu’ il respecte la Loi dans les
moindres détails.

Comme un fil à plomb montre qu’un mur n’est pas droit, mais qu’il ne pourra pas le redresser ! De même la Loi a démontré que l’Homme (l’humain) ne pouvait pas répondre aux exigences morales de Dieu, mais elle ne l’a pas rendu juste.

 

Il n’y a pas un seul juste ! Juste au sens de Dieu !
L’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains, chapitre 3 versets 9 à 12 reprend une parole du Psaume 14 :
Quoi donc ! sommes-nous plus excellents ? Nullement. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché, selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, Pas même un seul ; Nul n’est intelligent, Nul ne cherche Dieu ; Tous sont égarés, tous sont pervertis ;
Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul ;

 

De plus, le péché de ce pharisien, quel est-il ? Que sa piété alimente sa vantardise et son mépris pour les autres, pour les personnes moins pieuses. Il est imbu de sa personne, même face à Dieu.

 

Le second homme, le péager, il se tient à l’abri des regards, loin du lieu saint. Il a des gestes de contrition, il n’ose pas lever les yeux, comme un enfant coupable qui regarde le sol, lorsqu’on le réprimande.
Sa prière démarre par les 2 mêmes mots « Ô Dieu ! » Mais elle est bien plus courte ; en quelques mots, il reconnaît sa faiblesse, sa faute. Il a conscience de la Sainteté de Dieu. Il murmure, c’est le besoin d’extérioriser son sentiment de culpabilité, sa repentance, de faire monter sa prière jusqu’à Dieu, mais dans la discrétion.

 

La conclusion de Jésus : c’est le second, le péager, que Dieu peut rendre juste : c’est celui qui accepte de reconnaître sa petitesse face à Dieu.

 

L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. (Cette parole reçue de l’Eternel par Samuel, rapportée dans le 1er livre de Samuel chapitre 16, verset 7)

 

Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il accorde sa grâce aux humbles : Cette parole du Proverbes 3, 34 est citée à plusieurs reprises dans le NT, notamment par Pierre dans sa 1ère lettre au chapitre 5, verset 5b et par Jacques dans sa lettre aux responsables d’Eglises au chapitre 4 verset 6.
C’est dire l’importance de notre attitude, lorsque nous nous approchons de Dieu.

 

Dans les Évangiles, les textes nous rapportent des rencontres de Jésus avec des pharisiens en général, lors d’enseignement en groupe, mais aussi des rencontres en particulier, de personne à personne : Nicodème, chef des pharisiens venu voir Jésus de nuit (Jean 3), ou Simon, un autre pharisien qui a invité Jésus à sa table, (Luc 7, 36) mais aussi une rencontre
avec Zachée, chef des collecteurs d’impôts (Luc 19).

 

Là il ne s’agit plus de parabole, mais de rencontres réelles.

Tous trois, qu’ils soient pharisiens ou collecteurs d’impôts, ont eu ce désir de connaître Jésus, peut-être par curiosité au début, envie d’en entendre un peu plus sur Lui, ou d’essayer de comprendre le plan de Dieu en Jésus-Christ.

 

Et moi quel rendez-vous ai-je avec Jésus ? Quelle est ma motivation pour m’approcher de Dieu ?
Est-ce que je me contente du culte du dimanche matin, quand mon emploi du temps me le permet, car c’est la tradition de ma famille, car cela ne fait pas de mal ?
Quelle priorité ont mes rencontres avec Dieu ?
Mes occupations, toutes légitimes, familiales, professionnelles, amicales, associatives…etc me laissent-elles du temps pour rencontrer Dieu ?
Aller au temple, pour chanter, louer Dieu ensemble avec les sœurs et frères en Christ, écouter la Parole, OK , c’est une chose, mais la prière en tête à tête avec Dieu ? C’est une autre rencontre, personnelle, celle-là.
Prendre le temps, chez moi de m’adresser à Mon Dieu, seul à seul, avec mes paroles, avec mon vocabulaire qui exprime mes propres pensées, pas un texte écouté ou récité.

 

Dans le livre des Actes, il est précisé que, après l’ascension de Jésus, les apôtres et quelques chrétiens se réunissaient souvent dans la chambre haute pour prier. La 1ère prière rapportée est celle des 11 apôtres qui demandent à Dieu de les guider dans le choix du 12e, pour remplacer Judas. Leur prière est spontanée, en termes précis et clairs.
Osons venir près de Dieu, tels que nous sommes. Ce ne sont pas nos connaissances, nos actes, nos phrases bien construites qu’Il attend de nous, mais un cœur sincère et contrit, qui s’attend à Lui. Dieu prend plaisir à rencontrer ses enfants.
Le psaume 51 nous y invite :
Éternel, ouvre mes lèvres et je te louerai.
Car tu ne désires pas que je t’offre un sacrifice.
Le seul sacrifice qui convienne à Dieu, c’est un esprit humilié.
O Dieu, tu n’écartes pas un cœur brisé et contrit.
Tout comme Esaïe 57 :
Car ainsi parle le Très-Haut Dont la demeure est éternelle Et dont le nom est saint :
Je demeure dans les lieux élevés et dans la sainteté,
Mais aussi avec l’opprimé Et celui qui est humilié dans son esprit,
Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les cœurs opprimés.

 

Comment est-ce que je perçois Dieu ? Comme un maître dur, ou comme un père aimant, qui m’a tant aimé, qu’il a donné son Fils unique, afin que croyant en lui, je ne périsse point, mais que j’aie la vie éternelle.

 

Combien de fois ai-je entendu ce conseil, « commencez votre journée par un temps avec Dieu ».
Mais, le matin, quand il faut préparer les enfants, les emmener à l’heure à l’école, puis être soi-même à l’heure au travail, dans cette spirale, impossible de se poser de prendre un petit temps de face à face avec Dieu. Alors , « lève-toi plus tôt ». J’avoue que non, le matin tôt, ce n’est pas mon truc !! Mais quand le soir le calme était revenu alors là oui, mon rendez-
vous plaisir avec Dieu…
Maintenant en retraite, c’est plus simple….ou alors le temps des vacances…

A chacun, de se poser les bonnes questions
Alors un rendez-vous quotidien avec Dieu ? Pour le louer, pour qui Il est, le Dieu de mon salut.
Un rendez-vous avec Dieu pour me ressourcer, recentrer mon regard, mon cœur sur Lui ? Il est ma paix, ma force pour le chemin à parcourir.
Un rendez-vous avec Dieu ? Car, comme j’aime rencontrer des amis et discuter, c’est en passant du temps avec Dieu que je le connais mieux.
Un rendez-vous avec Dieu ? pour intercéder pour ceux qui ont besoin de son salut, de sa présence, de sa paix.

 

Osons chaque jour, un rendez-vous avec le Dieu trois fois Saint dans l’humilité,
reconnaissant notre faiblesse mais dans la joie, nous réjouissant d’avoir un Ami fidèle qui ne change jamais, qui existe de toute Eternité.

 

Amen.

 

Raon-l’Étape  –  Ghislaine Heyer  –  20 août 2023

 

 

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