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Évangile selon Jean 2 / 1-11 (1)
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texte : Évangile selon Jean, 2 / 1-11
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« Le troisième jour », ce sera le jour de la résurrection de Jésus. D’entrée de jeu, le texte nous annonce que quelque chose va mourir, et que du nouveau va advenir. D’entrée de jeu, le texte nous annonce que la mort et la résurrection de Jésus vont être au centre de cette histoire. Ce ne sera pas un mariage ordinaire. L’évangéliste n’est pas un moraliste qui nous expliquerait comment réussir une noce en servant le bon vin au bon moment, non. L’évangéliste nous parle de la bonne nouvelle de Jésus pour notre vie d’aujourd’hui, notre vie de tous les jours à nous autres qui écoutons cette histoire. Que va-t-elle nous dire sur Jésus et sur nous ?
Nous sommes chez « la mère de Jésus », elle est là, non pas invitée mais en situation de donner des ordres. « La mère », c’est ce qui vient avant. C’est de là que nous sommes issus. C’est notre antériorité, notre origine. C’est la religion telle que nous l’avons apprise, telle que nous la concevons sans avoir à réfléchir. C’est notre nature. D’ailleurs, dans ce lieu, il y a des jarres pour la purification. Car dans le vieux monde, on peut se saouler, pourvu qu’on se purifie. On peut s’arranger avec Dieu ; d’ailleurs, la religion sert à ça, n’est-ce pas ? 600 litres de flotte pour se laver des péchés commis pendant ou à l’occasion de ces noces ! On peut donc croire en Dieu et faire n’importe quoi, pourvu qu’on respecte les rites ? Quelle drôle d’idée, mais ça nous arrangerait bien !…
Dans cette religion-là, dans cette manière-là de mener notre existence, Jésus n’est qu’un invité… Il est là, dans un coin, avec ses copains… Mais pas plus, surtout pas plus ! C’est « sa mère » qui va déclencher autre chose. S’adresse-t-on à un simple invité pour régler l’organisation d’un mariage ? En s’adressant à lui, elle lui dit, elle nous dit, que Jésus ne peut pas être simplement un invité dans un coin de notre vie. Il est forcément plus que ça, plus important, plus vital même. Il est celui qui peut sauver la situation, même lorsqu’on ne sait pas qu’il y a péril en la demeure. Car qui donc s’est aperçu qu’il n’y avait plus de vin, plus de moyen de faire la fête, plus de moyen de bien vivre ensemble ? Qui donc réalise que tout est sur le point de s’effondrer ? Personne, car tous sont ivres, semble-t-il, ivres d’avoir bu du mauvais vin. S’il ne se passe rien, que faire ? Les jarres de purification sont vides : on aura tous la gueule de bois, et même pas d’aspirine ! Le lien avec Dieu se défait, le lien des uns avec les autres se défait. C’est notre société, c’est notre vie. Le réveil sera dur…
Alors « la mère de Jésus » nous le dénonce comme Seigneur ; elle nous exhorte, pour notre vie de tous les jours, pour notre vie ensemble, pour nos relations les uns avec les autres, en disant : « Ce qu’il vous dira, faites-le ! » Est-ce pour y gagner quelque chose que nous ferons ainsi ? Non. Mais Jésus n’est pas un magicien : il ne touche pas l’eau dans les jarres qui viennent d’être remplies, il ne manipule rien, il n’y a pas de paroles, sinon quelques ordres. Aux serviteurs d’obéir, sans poser de questions. Car les gens importants, ce ne sont pas les serviteurs, mais la noce elle-même, les convives. Les gens importants, ce ne sont pas les chrétiens, ce sont les autres, c’est le monde dans lequel nous, nous sommes des serviteurs. Alors, simplement, obéir à Jésus… C’est de nous qu’il se sert, pour les autres.
Qui est donc Jésus ? Quelles sont donc ces noces ? Il était simple invité. Il est maintenant dans le rôle de l’organisateur des noces, le vrai, pas celui qui porte ce titre, qui croit l’être et qui pourtant n’a rien vu, rien su, rien fait… Et puis, tout à la fin, Jésus est dans le rôle du marié ! L’avez-vous vu changer de place ? Ce sont ses noces à lui, ses noces avec son Église. Nous, nous regardons cette scène comme si nous étions dehors ; eh bien non : ce sont les noces de Jésus avec nous, c’est la célébration du don de sa vie pour nous – car, rappelez-vous, « les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps », comme Saint Paul l’écrit dans une de ses lettres (Éph. 5 / 28)… À Cana, nous assistons à nos propres noces avec le Christ ! Et dans ces noces, à l’étonnement du maître de cérémonie – peut-être un pasteur ou un prêtre, qui sait ?! – qui n’y comprend rien et qui est peut-être même un peu scandalisé, après la religion formelle, le mauvais vin qui enivre, voici maintenant la religion « en esprit et en vérité » (Jean 4 / 23), le meilleur vin qui fait du bien là où il passe !
Nous chrétiens, nous savons « lire » ce vin comme une référence au sang de Jésus, à sa mort qui nous sauve. Mais ici il ne s’agit pas de lire, mais de boire. Il ne s’agit plus d’un mauvais vin qui devra être suivi d’une eau de purification. Il s’agit du vin nouveau du Royaume, qui n’a besoin d’être suivi d’aucune purification, d’aucune religion, d’aucun essai de se justifier soi-même devant Dieu. Car maintenant, Jésus n’est plus dans un coin, il « manifeste sa gloire », comme l’écrit l’évangéliste. Il est au centre. Pour nous. Pour tous ceux qui sont invités. « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera », comme Pierre le disait le jour de la Pentecôte (Ac. 2 / 39).
Dans nos vies, Jésus est-il invité, ou Seigneur ? Quelle est notre religion, quel vin buvons-nous, avec quoi nous rattrapons-nous aux branches ? Quel est notre service, au nom de qui ou de quoi, auprès de qui ? Puisse l’Esprit du Dieu vivant guider maintenant notre méditation et éclairer notre existence. Amen.
Saint-Dié (prière de Taizé – introduction à la méditation) – David Mitrani – 16 janvier 2016