Évangile selon Jean 13 / 31-35

 

texte :  Évangile selon Jean 13 / 31-35

premières lectures :  Lamentations, 3 / 22-26 ; deuxième épître à Timothée, 1 / 7-10

chant :  46-02

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Le texte de l’évangile de ce matin fait partie de ce qu’on a l’habitude d’appeler «le commandement d’amour » : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés … je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Si vous vous aimez les uns les autres, alors tous sauront que vous êtes mes disciples. En effet, l’évangéliste Jean nous rend compte de ce discours sous la forme vivante d’un entretien entre Jésus et ses disciples. Pour Jésus, c’est bientôt l’heure de son procès, de sa mort et de son retour vers Dieu le père. Alors, il prépare les disciples à la séparation, qui un moment les laissera orphelins.

Oui, pour apaiser la durée de la séparation, comme une compensation de son absence, Jésus laisse à ses disciples le cadeau infiniment précieux de l’amour fraternel : Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.

Un commandement faut-il le rappeler, est un ordre et a toujours quelque chose de contraignant et d’irritant qui est ressenti comme une atteinte à la liberté. Ce commandement demeure néanmoins comme un cadeau unique, spécifique, donné aux disciples, donné à l’Église toute entière.

En quoi ce commandement d’amour est-il nouveau ? Il faut reconnaître que le souci de l’amour des autres n’a rien de nouveau. On le retrouve dans l’Ancien Testament. Même le monde païen prônait l’amitié, la communion fraternelle et le service mutuel.

Il me semble que la nouveauté du commandement de Jésus réside dans le fait que la loi d’amour n’est plus fondé sur l’amour de soi, comme c’est le cas dans l’Ancien Testament “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, mais elle est fondée sur l’amour

dont Jésus a donné l’exemple “comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres”.

On pourrait dire que le critère de l’amour n’est plus l’amour de soi, mais l’amour dont le Christ nous aime.

Il ne faut pas oublier dans quel contexte historique cet évangile a été rédigé. La prise de Jérusalem par Rome en 70 a consacré la rupture entre l’Église nouvellement née et la Synagogue cultivant un nationalisme exacerbé. La rivalité entre les deux religions est maintenant publique. C’est pourquoi Jean affirme que l’Église de Jésus-Christ, le peuple des baptisés, se distinguent des autres peuple en mettant en pratique le commandement d’amour  : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.

Et il faut bien que cela soit un commandement, une invitation pressante car autrement, nous serions tous à nous défiler, à négocier nos affections ou à vivre au ras de nos sentiments.

Ce commandement d’amour est une parole qui donne sens à notre vie et à nos combats, Parole de de réconciliation et de pardon. Qu’elle soit toujours annoncée et vécue dans ce monde rongé par l’égoïsme et l’individualisme, un monde qui menace toujours de se dégrader, de se désagréger faute de ciment, faute d’une puissance d’amour, faute d’une parole de salut et d’espérance.

L’amour de Dieu pour nous et la conscience d’être aimé, voilà une puissance qui peut relever des gens qui se sentent moins que rien, aux prises avec l’esclavage de l’alcool ou de la drogue, aux prises avec la maladie incurable ou des problèmes familiaux, aux prises avec l’isolement et l’enfermement, aux prises avec tant et tant de problèmes.

Faut-il le rappeler :

– l’amour règne là où il y a le respect mutuel. On peut avoir des sensibilités différentes, mais se savoir complémentaires, apportant chacun sa richesse afin que tous connaissent que vous êtes mes disciples,

– l’amour règne là où il n’y a pas d’exclusive à l’égard des autres. Quand des chrétiens en repoussent d’autres au nom de l’évangile, c’est de l’intolérance, personne ne détient la vérité absolue et l’obéissance parfaite. Nous vivons tous de la grâce et du pardon de Dieu,

– l’amour règne là où on élargit sans cesse l’espace de sa tente pour prendre en compte les préoccupations des autres, dans le partage, le respect mutuel, le dialogue.

Par notre baptême, nous faisons partie de cette communauté de vie, d’amour et de témoignage qu’est l’Église. Par notre baptême, nous sommes au service du Christ et de son Église, des hommes nos frères et des femmes nos soeurs, nous sommes des artisans et des intercesseurs qui sont aux premières loges, pour un monde plus juste, plus fraternel et plus habitable.

Un peu plus de 21 siècles d’histoire de l’Église, 5 siècles de Réforme, voilà longtemps que ce commandement d’amour passe de bouche à oreille, de vie en vie, de proclamation en action, puissions-nous le recevoir ce matin et devenir en quelque sorte des relais, des poteaux indicateurs de l’amour de Dieu qui peut redresser des existences, faire changer de cap, structurer et transformer des vies pour la gloire de Dieu.

Amis conseillers presbytéraux et membres de l’église locale de Vosges-Meurthe, vous allez cheminer ensemble pendant 4 ans. Le socle du ministère de conseiller presbytéral s’enracine entre autres dans ces paroles que je vous laisse comme exhortation :

  • La bienveillance de l’Éternel n’est pas épuisée, ses compassions ne sont pas à leur terme ; Elles se renouvellent chaque matin. C’est la certitude que vous n’êtes pas seul.
  • N’aie donc pas honte du témoignage à rendre à notre Seigneur.
  • Enfin cette parole de Dieu à Gédéon : va avec la force que tu as, oui c’est Dieu qui t’envoie (Juges 6,14).

Amen !

pasteur Élysé PANGU Mayanga, inspecteur ecclésiastique

 

 

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