Ésaïe 29 / 17-24

 

texte :

Encore un peu de temps, et le Liban se changera en verger
Et le verger sera considéré comme une forêt.

En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre ;
Et, délivrés de l’obscurité des ténèbres, les yeux des aveugles verront.

Les malheureux se réjouiront de plus en plus en l’Éternel,
Et les pauvres feront du Saint d’Israël le sujet de leur allégresse.

Car le violent ne sera plus, le moqueur aura fini,
Et tous ceux qui veillaient pour l’iniquité seront exterminés,

Ceux qui condamnaient les autres en justice,
Tendaient des pièges à qui défendait sa cause à la porte,
Et violaient par la fraude les droits des innocents.

C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel à la maison de Jacob,
Lui qui a racheté Abraham ;
Maintenant Jacob ne rougira plus, maintenant son visage ne pâlira plus.

Car, lorsque ses enfants verront au milieu d’eux l’œuvre de mes mains,
Ils sanctifieront mon nom ; ils sanctifieront le Saint de Jacob.
Et ils craindront le Dieu d’Israël ;

Ceux dont l’esprit s’égarait acquerront de l’intelligence,
Et ceux qui murmuraient recevront instruction.

 

 

premières lectures :  Actes des Apôtres 9 / 1-20 ; Évangile selon Marc 7 / 31-37

chants :  35-20 et 55-03

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prédication :

 

 

Que penser d’un tel texte prophétique ? Il nous étonne et nous bouscule car il réveille en nous une question : quelle est notre attente de Dieu ? Pouvons nous être déçus de Dieu comme l’est le peuple de Jacob ? Pouvons-nous avoir honte de Dieu ?

 

Revenons à ce peuple de Jacob, peut-il oublier les actions menées par Dieu quand Jacob était revenu sur les terres de son père Isaac ? En effet, Dieu était présent à son départ au loin chez Laban et il était présent à son retour. Le chapitre 28 du livre de la Genèse raconte son départ, quand sur la route vers la Haute Mésopotamie, dans ce fameux rêve d’une échelle garnie d’anges, Jacob reçoit la promesse de la présence de Dieu à ses cotés. « Je suis avec toi, je te protégerai où tu iras… je ne t’abandonnerai pas » Telle est la parole que Dieu lui adresse, en se présentant à lui comme le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac.

 

Quelques années plus tard, à son retour vers Beercheba, au chapitre 32 du même livre de la Genèse, au milieu du gué du Yabboq, Jacob lutte toute la nuit contre un ange et au petit matin, il demande et reçoit la bénédiction de la part de Dieu assorti d’un nouveau nom : Israël pour signifier « qu’il a lutté contre Dieu et contre les hommes et qu’il a été le plus fort » – verset 29. Jacob a réussi sa vie avec des épouses et des fils. Comme Abraham, son grand-père, il est béni par le Dieu de la rencontre, le Dieu de la miséricorde.

 

Et ici, dans ce texte prophétique, il est dit que le peuple ne connaît pas ce Dieu, pourtant il leur annonce l’irruption d’un temps nouveau « dans peu de temps ». Nous comprenons que ce sera le temps de la guérison et le temps de la justice.

 

Pourquoi cette annonce ? A l’époque du prophète en effet, le pays est troublé, il est pris en étau entre deux puissances. Leur attente envers le Dieu d’Abraham est faible et les ententes politiques modifient le cour de vie du peuple. Ces nations puissantes qui la pressent vénèrent-elles des divinité plus puissantes que le Dieu des Armées ?

 

Pourtant les petits du peuple sont dans la détresse, et, les injustices frappent les innocents. Alors le prophète Esaïe porte la parole de Dieu et annonce la fin : la fin de la surdité et des handicaps qui isolent, la fin de la misère et de la tristesse/dépression qui maintiennent la survie. La danse a le dernier mot. La danse, c’est l’expression de la joie, la joie de la vie revenue, la joie de la reconnaissance. La danse, c’est l’expression de la libération ; le corps est libéré des liens de souffrance, des liens de servitudes, des liens de nos limites, des liens de nos fragilités humaines.

 

Serait-ce la mort ? Non. C’est la résurrection qui est annoncée, car voici la venue d’une vie autre, nouvelle, inspirée. La vie nouvelle que Nicodème, face à Jésus, craignait d’envisager. Il ne comprenait pas ce que Jésus annonçait dans l’expression « naître d’en haut », à savoir naître dans ce que Dieu, le Père de Jésus, invite à attendre de lui : sa présence. Non pas la présence d’une potiche pour la décoration de notre maison, mais la présence par la Parole et par l’élan inspiré de l’Esprit Saint pour donner du sens à notre vie, nos jours et nos décisions de vie.

 

« Ils connaîtront qui je suis » – verset 22b, ici le Seigneur Dieu d’Esaïe est le Seigneur qui fait advenir un nouveau temps mettant fin aux jours sombres et gris, aux existences sans avenir, à une certaine fatalité. C’est le Seigneur qui s’engage en faveur des petits et qui donne à connaître. C’est l’expérience de Job dans sa conversation avec Dieu, il convient et confesse : « Mon oreille avait entendu parler de toi. Mais maintenant mon œil t’a vu. » Job 42,5. Son attente de Dieu est renouvelée dans cette échange de parole avec le Seigneur.

 

Notre attente de Dieu, du Dieu Père, c’est Jésus qui nous le révèle dans sa parabole de l’ami qui accepte d’être dérangé la nuit. Nous la lisons dans l’évangile de Luc au chapitre 11, verset 5 à 13. Ce Dieu Père céleste « donnera l’Esprit Saint ».

 

Les déceptions font partie de la vie humaine : échecs, trahisons, mensonges et autres mépris sont des écueils courants de notre quotidien. Qu’en est il face à Dieu ?

 

Ce texte prophétique nous ouvre à la compréhension et nous invite à accepter à être instruit pour ne plus être blessés par la déception. La guérison et la justice deviennent peu à peu la réalité quand peu à peu notre attente prend sens et confiance dans la prière de Jésus : « Notre Père qui est aux cieux ». Amen

 

Saint-Dié  –  Patrick Cloysil, d’après Mireille Rasolofo-Tsalama  –  27 août 2023

 

 

 

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