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Évangile selon Jean 12 / 20-24
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texte : Évangile selon Jean 12 / 20-24
chant : 41-28
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Chers amis, nous sommes comme ces Grecs, « nous voudrions voir Jésus » ! Bon, quelque part c’est dommage. Parce que le texte suggère que nous devrions être comme André et Philippe : nous faire les intermédiaires pour mettre les gens qui cherchent en relation avec celui qu’ils cherchent, notre Seigneur et le leur. Parce que nous, n’est-ce pas, nous savons où le trouver ! Quoique… ? Philippe n’a pas l’air très sûr : pas forcément de l’endroit où Jésus se trouve, mais de la légitimité de la demande des Grecs. C’est mieux en y allant à deux, non ? C’est toujours mieux d’y être à deux. Comme le disait l’Ancien Testament : « un fait ne pourra s’établir que sur la déposition de deux ou trois témoins » (Deut. 19 / 15).
Mais Philippe n’a pas dit : « je n’ose pas, donc je n’y vais pas. » Il a dû se dire : « je n’ose pas, je ne sais pas si c’est du lard ou du cochon, alors on va y aller à deux ! » Voilà bien une différence avec nous. Nous sommes, nous voulons être, une « Église de témoins », disent nos synodes. Alors nous comprenons que cela doit peser sur chacun de nous – je dis bien : peser, parce que c’est souvent comme ça qu’on le vit, peut-être comme Philippe. Mais lui ne s’est pas arrêté là, tandis que nous, souvent, oui. Je n’y vais pas seul, donc je n’y vais pas, je laisse faire les autres, ceux qui savent, ceux qui sont formés pour, ceux qui sont plus jeunes, ou plus vieux, plus intelligents, plus pieux, plus honnêtes, plus compétents, plus sages…
Pourtant, si l’Évangile nous prend tels que nous sommes, ce n’est pas pour nous y laisser, mais pour nous transformer ! D’abord, il dirige notre regard vers ailleurs : vers Jésus lui-même, et comment il comprend cette annonce qui lui est faite : « l’heure est venue où le Fils de l’Homme doit être glorifié. » Et c’est ainsi à chaque fois, chaque fois que des gens qui ne le connaissent pas, qui n’ont pas de raison de le connaître, veulent « le voir », comme ils disent naïvement, en s’adressant à nous.
Souvent, nous ne sommes pas très doués pour aller témoigner de notre foi à l’extérieur. Alors Dieu nous permet de témoigner en nous envoyant les gens que nous ne sommes pas allés chercher ! Mais même là, il nous arrive d’avoir peur – enfin… vous, je ne sais pas, mais moi, un peu… – peur du bien-fondé de la demande, peur d’être dérangés dans notre foi et dans notre vie d’Église, dans nos cantiques et dans nos cultes, bref : dans la tranquillité de notre existence qui est certes chrétienne, mais personne ne le sait, personne ne le voit. Un étranger qui nous cherche dans Saint-Dié, dans Raon-l’Étape ou dans Senones ne sait pas où nous trouver – ceux qui ont fini par y arriver me l’ont dit !
En fait, nous dit Jésus, tout ceci ne peut pas se faire sans mourir. Lui l’a vraiment vécu. D’autres après lui, à son exemple et par obéissance. Nous sommes appelés à mourir un peu, mourir en tout cas à nos habitudes, à nos peurs, à notre religion où nous nous tenons chaud entre nous. Comme l’a dit Jésus pour lui-même, « si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » Et j’espère bien que nous voulons « porter beaucoup de fruit », c’est en tout cas ce que la prochaine journée de notre synode régional, au mois d’avril, devrait arriver à dire sans s’attarder sur nos sous et nos immeubles…
Ainsi ce n’est pas avec nos richesses, avec nos forces, que nous pouvons témoigner de notre foi. Mais c’est avec nos faiblesses, nos pauvretés. Nous n’avons alors plus de prétexte pour ne pas le faire ! L’Évangile ne passe bien que de pauvre à pauvre, que de faible à faible. Et il y a beaucoup de pauvres et de gens faibles dans notre monde. Donc si nous aussi nous le sommes ou pensons l’être, alors ça devrait le faire ! Amen !
Vesoul et Saint-Dié (AG) – David Mitrani – 13 et 14 mars 2021