Méditation du 3 février

Jésus expulsait un démon muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet parla, et les foules furent étonnées. Mais quelques-uns d'entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul… » (Évangile selon Luc 11 / 14-15a)  

(vidéo disponible ici : https://youtu.be/yAH-02fSAc8)

Frères et sœurs, chers paroissiens et amis,

À l’époque de Jésus,
comme à de nombreuses époques
et en de nombreux lieux,
on croyait à l’action des démons,
forces spirituelles ou physiques
responsables de tout ce qui se détraquait
dans l’être humain, la famille, la société…

Or voici qu’un jour,

Jésus expulsait un démon muet.
Lorsque le démon fut sorti, le muet parla,
et les foules furent étonnées.
Mais quelques-uns d’entre eux dirent :
« C’est par Béelzéboul… »
(Évangile selon Luc 11 / 14-15a)

Cet extrait de l’Évangile selon Luc
nous apprend beaucoup de choses.
D’abord, que Jésus a pouvoir
sur ces démons, ou quoi qu’ils soient.
Ne me demandez pas comment il fait !
Mais pourquoi, c’est bien évident :
un homme ne pouvait pas parler,
et maintenant il parle !
En à peine quelques mots,
c’est à la libération d’une personne
que nous avons assisté…

C’est bien là que réside l’action de Jésus :
il libère ceux qui en ont besoin,
et, bien sûr,
cela change leur existence.
Attendons-nous donc autre chose ?

Parfois, nous n’attendons pas ça.
Nous n’osons pas le lui demander.
Nous ne croyons pas qu’il puisse le faire.
Ou bien nous le lui avons demandé d’autres fois,
mais il ne l’a pas fait,
nous n’avons rien vu venir.
Alors nous ne demandons plus.
Nous ne croyons plus
que la puissance de Dieu
soit une puissance libératrice
pour les petites gens comme nous…

Mais souvent, ce que nous attendons de lui,
ce sont des miracles,
des choses qui se voient, justement ;
des choses qui nous prouvent que c’est bien lui,
le Sauveur dont nous avons besoin.
D’ailleurs, peu importe « le sauveur »,
c’est « un magicien » que nous attendons !

Alors, nous sommes comme les foules
de ce petit récit évangélique.
Nous sommes étonnés, admiratifs.
Tout comme, en politique ou en affaires,
ou même seulement devant la télé,
nous rêvons et applaudissons
ce qui est puissant, jeune, riche et beau…
Bref, nous aimons ce qui brille !

Ou bien nous sommes jaloux,
autre face du même sentiment…
Et ce sont bien des membres de cette foule
qui vont contester la vérité du geste :
“Pas de vraie libération,
c’est un illusionniste…
La preuve ?
Nous, nous n’y arrivons pas…
Nous qui sommes croyants,
nous sommes impuissants…”

En fait, ce qui est
au centre de notre préoccupation,
c’est nous-mêmes.
Pas Jésus.
Pas l’homme qui était en manque.
Qu’il ait retrouvé ce qui lui manquait
nous importe peu.

Pourtant l’évangéliste nous le dit :
« le muet parla » !
Et si, nous aussi, comme Jésus,
nous nous préoccupions
des gens qui sont en manque… ?
Et si, nous aussi, comme Jésus,
nous leur offrions
ce que nous sommes capables de leur offrir,
à notre niveau, à notre manière… ?

Jésus n’en a rien à faire,
ni des miracles, ni des magiciens.
Il s’occupe des gens,
il s’intéresse aux vraies gens.
Et si nous cessions d’attendre de lui
ce que nous rêvons d’être,
pour simplement attendre de lui
ce dont nous avons besoin ?
Reconnaissons donc nos mutismes,
afin que par lui nous puissions
retrouver la parole, la sienne !

Bonne semaine.
pasteur David Mitrani

 

 

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