(vidéo disponible ici : https://youtu.be/LNNnKnOXk-A)
Bonjour à tous !
Le psaume du jour dans la liste fédérative
est le psaume 42-43, un seul psaume
coupé malencontreusement en deux.
Ceux qui pratiquent le psautier réformé
le connaissent bien,
ils le chantent sur ces paroles :
Comme un cerf altéré brame,
Pourchassant le frais des eaux,
Ô Seigneur, ainsi mon âme
Soupire après tes ruisseaux…
Le psaume biblique, lui,
comporte trois strophes plus refrains,
et c’est sur la partie commune à ces refrains
que je voudrais m’arrêter aujourd’hui :
Pourquoi t’abats-tu, mon âme,
Et gémis-tu sur moi?
Attends-toi à Dieu,
car je le célébrerai encore…
(Ps. 42 / 6. 12 ; 43 / 5)
Comme souvent,
le psalmiste s’adresse à lui-même
(« mon âme »)
pour s’interroger, changer de regard.
Tel est d’ailleurs l’intérêt majeur
de ces prières d’autrefois :
nous faire changer de regard
sur Dieu et sur nous-mêmes.
Tout le psaume, ses trois strophes,
sont le « brame » du cerf,
non point pour l’eau ou le sexe,
mais un « brame » de désespoir,
d’appel qui reste sans réponse.
C’est le cri de nos existences
lorsqu’elles ont le sentiment
de l’abandon de Dieu,
ou à tout le moins de son éloignement,
voire de son indifférence.
C’est le cri de nos souffrances,
de tout ce qui nous abîme :
abandon, maladie, chômage,
deuil, faillite, adultère, burn out, etc.
Toutes ces choses,
ces puissances qui nous agressent,
et que nous n’arrivons pas toujours à dominer,
nous amènent à « gémir sur nous-mêmes »,
comme dit le psalmiste ;
à nous apitoyer sur nous-mêmes,
à ne plus regarder que nous-mêmes.
Évidemment ce n’est pas le bon moyen
pour nous sortir de là !
C’est la même chose pour l’Église :
quand elle regarde ses finances et ses activités
et qu’elle se plaint
(serait-ce en silence),
comment en sortir ?
La contemplation douloureuse de soi,
qu’elle soit personnelle ou communautaire,
nous tire vers le bas,
nous fait dégringoler encore plus…
Le psaume – lorsque nous le prions,
lorsque nous l’écoutons par-dedans
et non de manière intellectuelle, extérieure –
le psaume nous retourne
non plus vers nous, mais vers Dieu,
vers l’Absent dont on ne peut se passer.
Il tourne nos lamentations
en attente, en espérance.
Il détourne de nous nos regards
pour les tourner vers devant :
devant nous, vers l’Autre, vers demain.
Et, tant qu’à faire, vers les autres !
Comment pleurer encore sur soi
quand tant d’autres gens souffrent aussi ?
Nous, chrétiens, nous avons autre chose à faire
qu’à nous regarder souffrir quand c’est le cas.
La prière et l’entraide nous attendent,
nous appellent,
voix de Dieu pour nous relever.
Car quand on a quelqu’un à relever,
on ne peut plus se permettre
de rester soi-même par terre !
Et c’est notre Dieu, justement,
qui nous permet alors de relever la tête
– et le reste ! –
pour accomplir notre vocation,
tout comme Jésus a accompli la sienne
sans que la croix lui soit évitée.
Oui, Jésus marche devant nous,
il nous ouvre la route vers demain,
il nous ouvre la vie
à vivre avec lui et avec les autres.
Les causes de nos souffrances
ne disparaîtront pas par magie,
mais elles cesseront de nous faire mal
si nous « nous attendons à Dieu »
en aimant nos frères et sœurs.
Bonne semaine à tous,
fraternellement,
pasteur David Mitrani