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Bonjour à vous !
Nous sommes aujourd’hui au bord de la Terre promise,
et Moïse harangue son peuple,
lui rappelant la sortie d’Égypte, le don de la Loi et la traversée du désert.
Voici une phrase de ce grand discours :
L’Éternel vous parla du milieu du feu :
vous entendez la voix de paroles, et vous ne voyez pas d’image, rien qu’une voix…
(Deutéronome, chapitre 4, verset 12)
Du feu je ne dirai rien,
sinon que nous ne sommes plus au jardin d’Éden, tranquilles.
Mais nous vivons dans le monde réel,
où rien n’est calme, où tout est feu et sang, tristesse et désolation.
Or c’est là que Dieu parle,
du milieu de ce monde dans lequel, bien souvent,
nous avons peur de lui, des autres et de nous-mêmes !
Rien de mythologique ni de fantastique :
Dieu parle au cœur de nos misères, pas dans le ciel bleu de nos idéaux.
Et là, nous sommes confrontés à cette chose bien étrange de nos jours :
une voix, pas d’images…
Rien à photographier, rien à poster sur Facebook ou ailleurs,
rien pour se glorifier, rien à saisir, à attraper, à posséder…
Rien à représenter, rien à se représenter…
À l’époque des smartphones,
ce n’est même pas un retour à la télévision, mais à la radio !
Pourquoi donc cette régression ?
Toutes les religions de l’époque avaient des images, des statues,
qui parfois même s’animaient par la magie du sacré païen.
Pourquoi « rien qu’une voix » ?
Tous ceux qui ont vu un film à partir d’un livre qu’ils connaissaient
ont pu en être déçus,
non que les scénaristes et réalisateurs aient trahi le livre – ce qui arrive parfois –
mais parce que cela a figé la représentation.
La relation avec les paroles du livre, la relation personnelle avec histoire et personnages,
a été réduite, trahie, chosifiée par l’image.
Ceux qui prennent trop de photos avec leur smartphone devraient faire attention :
la médiatisation par l’image tue la relation avec la personne !
Moïse rappellera donc l’interdit de l’image ; non pas de n’importe quelle image,
mais de celles qui remplacent les gens, de celles qui remplacent Dieu.
Les images, on peut les collectionner, les retrouver, les montrer :
ce sont des choses extérieures à nous. Des souvenirs, des choses mortes.
À une époque où l’on n’enregistrait pas les sons, les paroles,
celles-ci au contraire ne se figeaient pas.
Tu les entendais, et tu y réagissais – ou pas – mais tu ne pouvais pas y revenir.
Les paroles sont fugaces, et pourtant elles marquent bien plus que l’image.
Elles mettent en route, elles provoquent le choix : obéiras-tu ?
Quand celui qui te parle est parti, il est trop tard pour lui répondre,
il est trop tard pour la relation avec lui.
Elles laissent le souvenir de ce qui a été dit. Comme les images…
Non, pas « comme » : le souvenir des paroles se fait action et non contemplation.
Les paroles rendent actif, les images rendent passif…
Oui, c’est un peu caricatural. Cela souligne un risque.
Or Dieu et Moïse n’ont pas voulu que nous courions le risque,
que nous succombions à la tentation.
Dieu ne se regarde pas, il s’écoute et il fait vivre.
La parole nous interpelle quand l’image seulement nous rappelle…
Alors, quand vous lisez la Bible ou que vous venez au culte,
ne regardez pas : écoutez !
« Écoutez et vous vivrez » , disait Ésaïe (ch.55, v. 3).
C’est aussi la grande proclamation juive :
« Écoute, Israël, l’Éternel notre Dieu, l’Éternel Un » (Deutéronome, ch. 6, v. 4).
Car c’est à vous qu’il parle…
pasteur David Mitrani