Méditation biblique du 10 juin

Chers frères et sœurs, chers amis,

Les temps sont durs.
Oh ! non pas à cause du virus,
qui semble devoir laisser la France un peu tranquille maintenant,
mais à cause de la violence qui fleurit sur la peur,
sur toutes sortes de peurs.
L’Accusateur, le Satan, fait hélas bien son travail…

C’est lui aussi qui amalgame dans nos têtes et nos discours
toutes ses œuvres à lui, aux USA, ici et ailleurs,
pour que nous perdions tout jugement.
C’est lui qui nous fait battre notre coulpe
sur la poitrine des autres :
– de nos pères dont il nous répète qu’ils ont été mauvais
(comme si on pouvait juger une époque avec les critères d’une autre),
– de nos dirigeants, qui sont forcément plus nuls que nous si nous étions à leur place
(heureusement sans doute que nous n’y sommes pas !),
– de nos policiers et de nos soldats,
dont le difficile métier n’est pas exempt de tentations et de dérapages,
– de « nos » migrants, qui n’ont ni notre couleur ni notre religion, etc.,
– bref : de tous ceux qui ne sont pas nous…

Alors il m’est venu de vous partager quelques versets, bien sûr.
Tout d’abord ceux-ci, dans la Genèse, au chapitre 9, à partir du verset 20 :

Noé […] but du vin, s’enivra et se découvrit au milieu de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et le raconta au dehors à ses deux frères. […] Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet. Il dit alors : « Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves pour ses frères ! » […]

L’Accusateur a laissé entendre à des lecteurs trop rapides,
qui peut-être n’attendaient que ça,
que par là Dieu avait maudit la « race noire » (dont Cham est censé être le représentant).
Il a laissé entendre à d’autres, par la même occasion,
que la Bible et ses lecteurs étaient donc racistes,
que le christianisme était raciste…

Ce monceau de stupidités ne tient pas la route !
Cham n’est nullement un « black »,
ce n’est pas lui qui est maudit mais Canaan,
qui ne représente pas les peuples africains,
mais les peuples païens au milieu d’Israël et alentour,
et qui n’est pas non plus l’ancêtre des Palestiniens (soit dit en passant).
Canaan n’est pas maudit avec sa « race »,
mais parce que son père Cham, ne regardant pas Noé comme son père,
s’est du coup nié lui-même comme père,
et ce malheur est évidemment retombé sur son fils Canaan.
Que ceux qui maltraitent la procréation et leur propre filiation entendent cela !

Par ailleurs, la Bible considère, depuis la première page,
que l’humanité est unie, issue d’un seul, et que les trois « peuples »
(vus depuis la géographie antique et leur rapport à Israël)
sont une seule et même famille, avec tout ce que cela implique
(y compris les haines fondées ou non, comme dans nos familles à nous).

Dieu créa l’homme à son image : il le créa à l’image de Dieu, mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. »
(Genèse 1 / 27-28a)

Paul écrivait aussi :

Il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus.
(Romains 3 / 23-24)
et
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni mâle ni femelle, car vous tous, vous êtes un en Christ Jésus.
(Galates 3 / 28)

Le premier témoin de la résurrection n’était-il pas une femme ? (Évangile selon Jean 20 / 16)
Le premier non-juif évangélisé n’était-il pas un dignitaire africain ? (Actes des Apôtres 8 / 27 et s.)
Notre Église, notre région ecclésiastique,
comptent nombre de paroissiens et de pasteurs d’origine « africaine »,
tout comme elle compte des pasteurs de l’un et l’autre sexe.
Et là où il se commet des injustices, des violences, des illégalités,
quelles que soient les « caractéristiques » de leurs auteurs,
ceux-ci doivent être punis,
et les victimes, quelles qu’elles soient elles aussi,
doivent être soutenues, défendues, protégées.
« Black lives matter »,
mais aussi « female lives matter », « cop lives matter », etc. !

Et les uns et les autres, agresseurs et victimes, doivent être aimés,
comme nous le sommes nous-mêmes.
C’est ce que fait l’ACAT, agissant pour les victimes,
et priant pour elles et pour leurs tortionnaires.
Notre témoignage chrétien consiste en cet amour,
et non pas en d’autres choses.

Fraternellement,
pasteur David Mitrani