Confesser Jésus-Christ

Une décision du Synode national ERF de 2005 qui est toujours d'actualité. À relire !

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Confesser Jésus-Christ dans une société laïque
Qu’est-ce qui fait autorité dans notre vie ?

 

Une autorité qui rend libre

 

Nous croyons en Jésus-Christ : il « est venu pour servir et non pas pour être servi » (Évangile de Marc 10, 45). Reconnaître son autorité, c’est d’abord accepter de se laisser servir par lui. Il nous donne la liberté, la confiance, le courage pour être comme pour agir.
Nous croyons en Jésus-Christ : il nous libère de notre désir d’exister par nous-mêmes ou en fonction des autres et de chercher ainsi l’assurance de notre valeur. Grâce à son autorité, nous ne sommes plus le centre de nous-mêmes. Il donne à notre vie une dignité et une identité que nous n’avons plus à conquérir.
Nous croyons en Jésus-Christ : il a vécu de la parole du Père. Son autorité est créatrice et elle nous fait grandir dans notre humanité. Son autorité ne contraint pas. Elle construit des relations de confiance. Elle est crédible et légitime.

 

Fondé sur cette confession de foi, le Synode national de l’Église Réformée de France réuni à Aix-en-Provence du 5 au 8 mai 2005 formule les convictions, recommandations et propositions suivantes :

 

1. Fragilité et puissance de l’autorité de Jésus-Christ

 

Enracinés dans les convictions évangéliques de la Réforme, nous affirmons que l’autorité, dans l’Église, appartient seulement au Christ. Personne ne peut s’approprier son autorité, ni la remplacer. Le Christ et l’Église ne peuvent pas être confondus. En même temps, si le Dieu de Jésus-Christ est le seul à sauver, guérir, pardonner, ouvrir un chemin, nous en sommes les témoins.

Contesté par les pouvoirs religieux et politiques de son temps, Jésus s’est révélé dans la faiblesse et l’abandon de la croix. Ce n’est pas en fonction d’un statut reconnu qu’il a fait autorité, mais par la puissance de ses actes et de ses paroles. C’est pourquoi, la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité, ne saurait conduire à l’exercice d’un pouvoir qui cherche à imposer des normes ou des croyances. Seuls les effets de nos paroles et de nos actes pourront attester d’une autorité légitime.

 

2. Une laïcité ouverte

 

Dans le cadre de la République française, nous affirmons notre attachement au principe de la laïcité qui distingue le religieux et le politique. Nous soutenons une vision ouverte de la laïcité qui reconnaît la pluralité culturelle et religieuse, qui favorise l’esprit critique, qui permet la confrontation et le respect des identités.

Le Synode national, récusant le prosélytisme agressif ou manipulateur, demande au Conseil national, en lien avec la Fédération Protestante de France, d’intervenir auprès des pouvoirs publics pour rappeler les principes de la liberté religieuse, conformément à la loi de 1905 et à la convention européenne des droits de l’homme, notamment lorsque le droit des minorités est menacé.

Par ailleurs, il invite les Églises locales, en lien avec les Œuvres et Mouvements, à mener des actions concrètes en suscitant, dans une dynamique œcuménique, des rencontres et des partenariats interreligieux, des collaborations avec le monde associatif dans les domaines caritatif, culturel, éducatif, etc.

 

3. Citoyen et chrétien

 

Reconnaissant la légitimité des autorités civiles, nous assumons nos responsabilités sociales et politiques. En même temps, pour nous, la soumission à l’autorité de Jésus-Christ fonde la liberté de conscience. C’est ainsi que nous vivons une tension positive : l’autorité du Christ, instance « dernière » ou ultime, conduit vers une reconnaissance sereine des autorités civiles que nous considérons comme instance « avant-dernière ».

 

4. Attester la pertinence du message chrétien

 

La foi en Jésus-Christ, dans ses diverses expressions, ne saurait se limiter à la sphère privée. Le Synode national encourage les Églises locales et leurs membres à saisir toutes les occasions pour se mettre à l’écoute des autres et pour témoigner de l’Évangile d’une manière explicite. Il demande au Conseil national de poursuivre le développement des outils de formation, d’animation et de communication nécessaires pour que soient soutenues les initiatives communautaires et personnelles.

Dans le souci de témoigner avec lucidité et bienveillance, persévérance et humour, nous sommes confrontés à de nombreux défis :

 

La dignité irréductible de l’humain

La société dans laquelle nous vivons encourage le culte de la performance, de la rentabilité et de la réussite. L’être humain lui-même est parfois devenu une valeur marchande. Le Synode national atteste que l’Évangile a pour projet de fonder la dignité irrécusable de l’être humain. Au cœur de la foi chrétienne réside l’affirmation de la valeur inconditionnelle de chaque personne devant le Dieu de Jésus-Christ. Ce message, réaffirmé par la Réforme, est aujourd’hui d’une pertinence inégalée.

 

Un avenir ouvert

Nous sommes parfois angoissés face à un avenir que nous avons du mal à nous représenter. Le manque d’horizon conduit à se réfugier dans la nostalgie ou à se replier sur le seul moment présent. Nous croyons que Jésus-Christ est venu ouvrir une brèche dans une réalité apparemment fermée et bloquée. Sa résurrection fonde notre espérance: la vie reçue triomphe des forces de la mort, de la fatalité et de la résignation. L’Esprit nous rend capables d’imaginer et de construire les formes possibles de notre avenir individuel et collectif.

 

Un appel à traduire la Bonne Nouvelle

Toute conviction affirmée est aujourd’hui soupçonnée d’intransigeance et de dogmatisme. Or nous croyons que nos communautés sont accueillantes lorsqu’elles ont une identité solidement construite. Elles sont capables de se transformer et de se développer lorsqu’elles sont animées par des convictions courageuses. C’est un Esprit de liberté que nous avons reçu pour parler et agir sans nous laisser troubler par le conformisme ambiant. Que la parole de liberté devienne aujourd’hui notre liberté de parole !

 

Nous sommes appelés à un engagement communautaire et personnel pour témoigner concrètement de ce que nous avons reçu, là où nous vivons. C’est notre responsabilité. À chacun de traduire la Bonne Nouvelle pour aujourd’hui en paroles et en actes.

 

 

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