Première épître aux Thessaloniciens 5 / 1-6a. 8-10

 

texte :  Première épître aux Thessaloniciens 5 / 1-6a. 8-10  

premières lectures :  Épître aux Romains 8 / 18-25 ; Michée 4 / 1-5

chant :  31-22

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Belle espérance que celle qui nous est proposée par le prophète Michée, ainsi d’ailleurs que par son collègue Ésaïe presque mot à mot. Et nous l’avons entendue, chantée notamment en hébreu ! Et certes, comme l’apôtre Paul en prévenait ses lecteurs romains, une espérance qu’on voit n’est plus une espérance, mais une constatation. Car ce que les prophètes annonçaient en matière de paix, de concorde et de foi, le moins qu’on puisse dire est que nous ne le voyons pas… Alors nous espérons ; ne nous décourageons pas, et continuons à espérer cela. Vous savez, quand on demande à des enfants ou à des ados d’écrire une prière d’intercession, c’est souvent la première chose qu’ils demandent à Dieu : la paix pour le monde !

 

Mais le même apôtre Paul, dans une lettre plus ancienne, nous prévenait : il est inutile de chercher quand et comment, car cette connaissance est hors de notre portée. Est-ce que la fin du monde est pour demain ? La situation est tellement pourrie… ! Entre une pandémie non maîtrisée et qui laisse les gouvernements sans armes et même sans direction, les attentats dont rien ne dit qu’ils vont s’arrêter, attisés par les nostalgiques d’an­ciennes puissances, les guerres menées par les mêmes puissances ou par leurs affidés, les dénis de démocratie et la limitation des libertés individuelles et collectives par-ci par-là, sans parler de la déstructuration accélérée des relations sociales et familiales ni de l’effondrement économique et de la misère sociale qui arrivent à grands pas au milieu de tout ceci, certains se posent la question… comme dans toutes les époques semblables – et il y en eut beaucoup, depuis le Néolithique !

 

La fin de tout ceci ? Ça viendra quand ça viendra, nous dit Saint Paul, mais vous, vous ne serez pas surpris ! Parce que, oui, nous attendons et espérons le jour de la lumière, le jour de la victoire visible et définitive du Christ sur toutes les forces mauvaises et malsaines. Et plus que ça : nous sommes déjà les enfants de ce Jour, nous sommes déjà dans la main de Dieu, nous qui lui faisons confiance même lorsque nous ne voyons rien, même lorsque nous ne comprenons plus rien. Comme Abraham, comme Job, comme David, comme les Psaumes, nous nous tournons vers Dieu en toutes circonstances, car il n’y a pas d’alternative. Il n’y a qu’un seul Dieu, et c’est celui dont témoigne Jésus-Christ. « Le salut ne se trouve en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les humains, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4 / 12)

 

Qu’allons-nous faire en attendant ? Nous croiser les bras et annoncer à tout le monde que la fin vient bientôt, ou alors hâter cette venue en éliminant les méchants ? Ça, ce n’est pas notre religion ! L’apôtre Paul nous invite à autre chose : nous armer pour un combat spirituel, et ce combat ne se mène pas pour Dieu – il n’en a pas besoin – ; il ne se mène pas pour notre salut, puisque nous sommes déjà sauvés, déjà vainqueurs avec le Christ, déjà fils et filles du Père miséricordieux ; ce combat se mène pour les gens ! Il se mène avec sobriété, sans nous enivrer d’idéologie, de religiosité, de politique, de prospérité, ou de quoi que ce soit d’autre : ce sont les armes du monde, celles justement qui détruisent le monde ! Non, sobrement, nos armes défensives, seulement défensives, cuirasse et casque, sont la foi, l’espérance et l’amour.

 

De la foi – qui est la confiance en Dieu – et de l’espérance du salut, je vous ai déjà parlé ; il me reste alors à vous dire quelques mots sur l’amour. Vous avez entendu : c’est la même cuirasse que la foi, ce n’est pas une autre arme. Comme l’écrira Saint Jean, « Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu”, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jean 4 / 20-21) Se réclamer à Dieu, se réclamer de Dieu, cela n’a pas de sens « si je n’ai pas l’amour : je suis du bronze qui résonne ou une cymbale qui retentit », « je ne suis rien » (1 Corinthiens 13 / 1-2). Foi et amour sont indissociables.

 

Or l’amour n’est pas une parole creuse. L’amour agit. Il change les relations entre les gens, tout comme l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ a changé la relation entre lui et nous. « L’amour est patient, l’amour est serviable, il n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne médite pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. » (1 Cor. 13 / 4-7) Vous avez reconnu, bien sûr, cet « hymne à l’amour » de la première lettre de Paul aux Corinthiens : ce texte n’est pas réservé aux mariages, il ne leur est même pas destiné. Il est pour vous et moi dans la vie de tous les jours, confinement ou pas… Il dit comment Dieu aime, il dit comment nous pouvons témoigner de lui en recevant son amour pour nous.

 

Oui, si nous espérons le Jour de Dieu qui vient, notre attente ne peut pas être passive, notre témoignage ne peut pas être seulement de mots. Notre parole de foi ne peut que s’incarner dans des gestes d’amour pour ceux qui ne le méritent pas – tout comme nous autres ne méritons pas l’amour paternel de Dieu pour nous, mais il est quand même notre Père, il nous aime ! « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n’en font-ils pas autant ? » (Matthieu 5 / 46) Certes, nous ne cherchons plus de récompense, nous avons déjà ce cadeau du salut en Jésus-Christ, de la communion avec Dieu. Mais justement, ce cadeau nous donne envie d’en faire, nous aussi, des cadeaux, à d’autres, et justement à ceux que nous n’arrivons pas à aimer avec notre seule force, notre seule volonté.

 

Il faut bien, alors, demander à l’Esprit de Dieu de nous y aider, de nous transformer nous-mêmes afin que nous devenions lumineux non de notre pauvre petite lumière quand elle existe, mais de la lumière du Jour du Christ, qui est « mort pour des impies » (Romains 5 / 6). Entre ne rien faire et vouloir changer le monde, notre juste place est de demander à Dieu de nous changer nous-mêmes, afin que nos paroles et nos actes reflètent sa lumière, son amour pour les gens, la paix intérieure qu’il donne et la paix qu’il veut pour le monde. « Nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. Ne dormons donc pas comme les autres. ». Amen.

 

en confinement (Saint-Dié)  –  David Mitrani  –  8 novembre 2020

 

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