Épître aux Hébreux 13 / 1-3

 

texte :  Épître aux Hébreux 13 / 1-3

premières lectures :  Exode 16 / 2-3. 11-18 ; Actes des Apôtres 2 / 41-47 ; Évangile selon Jean 6 / 1-15

chants :  41-28 et 36-08

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L épître proposé à la prédication d’aujourd’hui, me ramène à mon enfance, ou petit garçon assis devant la table de la cuisine, je me nourrissais d’un livre plus gros que moi. Je n’en saisissais pas encore toute sa miséricorde. Son titre  »La légende des siècles » s’étalait sur une couverture rouge en lettres dorées. Je ne résiste pas au plaisir de vous en relater un court extrait, à partir du poème  »les pauvres gens » qui se révèle profondément poignant. Victor Hugo nous y dépeint le comportement  de chrétien face à ses responsabilités.

 »Du bon Dieu, ce sont là des accidents profonds.

Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?

C’est gros comme le poing. Ces choses là sont rudes.

Il faut pour le comprendre avoir fait ses études.

Si petits ! On ne peut leur dire travaillez.

Femme, va les chercher. S’ils se sont réveillés

Ils doivent avoir peur tout seul avec la morte.

C’est la mère vois-tu qui frappe à notre porte ;

Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous.

Cela nous grimpera le soir sur les genoux.

Ils vivront, ils seront frère et sœur des cinq autres

Quand il verra qu’il faut nourrir avec les nôtres

Cette petite fille et ce petit garçon,

Le bon Dieu nous fera prendre plus de poissons. »

 

Ouvrons nos esprits, décachetons cette missive au chapitre 13, à partir des versets 1-3, et, maintenant, prenons connaissance de cette exhortation que Paul adresse aux  hébreux :

Persévérez  dans l’amour fraternel. N’oubliez pas l’hospitalité ; car en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges sans le savoir. Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers ; de ceux qui sont maltraités, comme étant aussi vous-même dans un corps.

 

Trois versets, trois petites phrases, et pourtant si intenses nous délivrant, non pas comme un sermon, mais plus, une exhortation à assumer nos responsabilités en tant que chrétiens, ils consistent dans la pratique de l’amour fraternel, l’hospitalité, et la compassion. Trois supports à cette méditation que va venir renforcer comme une pierre angulaire, la prière.

 

Notre Premier support  est L’amour fraternel,

Dans le contexte ou à été écrit cette épître, elle s’adresse aux chrétiens, ne s’appellent-ils pas frères entre eux ?

Le texte peut nous laisser supposer que certains d’entre eux sont  emprisonnés.

L’amour fraternel, comme Dieu nous y appelle, se manifeste dans notre sincérité et sa réalité. Qu’il n’y ait rien d’hypocrite, ni conventionnel.

L’amour demande une mise en œuvre de notre sens des responsabilités, une concentration, une tension dans un effort,

L’amour c’est s’investir personnellement.

L’amour C’est manifester notre attention à ceux et celles qui ont besoin de notre amour, et avec nos frères et sœurs, dans la foi, démontrer l’amour du Christ.

 

Le second support  se nomme  L’hospitalité,

Jésus nous dit-il pas que nous devrions reconnaître le caractère d’une personne à travers son fruit, ce fruit qui émane de l’esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance (galates 5.22).

Lorsque nous nous ouvrons, et prenons le temps d’apprendre à connaître l’autre, nous nous donnons la possibilité de voir le vrai fruit, qu’il porte en lui. Il se peut, alors que nous y découvrions des anges déguisés autour de nous, n’est ce pas ce qui arrive à Abraham en Genèse 18, lorsqu’il accueillit trois hommes, trois messagers?

 

Avec honnêteté sur nous-mêmes, mesurons nos capacités à assumer cette responsabilité de témoigner de notre amour de l’autre dans notre aptitude à lui offrir l’hospitalité, de partager avec lui, de lui prodiguer

aide et soins, avec le même état d’esprit du bon samaritain relaté selon  l’évangile de Luc au chapitre 10 verset 34.

 

Se responsabiliser en pratiquant l’hospitalité, c’est aller à la rencontre des besoins, témoigner notre amour envers l’autre, quelque-soit, sa race, sa religion et sa condition sociale, envers nous même, et en finalité envers le Christ.

Y a-il des nouveaux dans notre paroisse, que nous pourrions inviter pour un repas ?… Connaissons nous des célibataires, des gens touchés par un décès, qui apprécierai une soirée hors de la solitude ?

Notre maison pourrait-elle répondre aux besoins de gens en formation

Où que nous vivrons, nous aurons des personnes avec des besoins dans notre entourage.

Aucune bonne raison ne justifie de ne pas leurs porter aide et assistance, et si cela devait être le cas, cela pourrait bien signifier une forme de fuite face à nos responsabilités en tant que chrétien.

 

Le Troisième support  s’identifie à La compassion

Le sens des responsabilité en tant que chrétien doit provoquer en nous, une incitation à exprimer concrètement notre compassion à ceux qui sont ou non, injustement emprisonnés. Ceux qui affirment leur foi en Christ ressuscité, dans des pays dont le régime est totalitaire, partout ou la liberté de conscience et l’esprit de tolérance sont bafoués, ceux qui se sont élevés pour revendiquer un monde plus humains, plus respectueux de la dignité humaine, l’esclave en fuite, et qui de ce fait sont poursuivis, emprisonnés, humiliés, torturés, et même parfois assassinés,

Jésus va plus loin, avec Paul, il nous invite à inclure tout les autres emprisonnés pour des motifs moins justifiables, plus sordides, les voleurs, les meurtriers, TOUT les autres.

Paul nous dérange, il nous invite à changer notre regard, sur ces autres, qui ont aussi leurs fragilités, leurs zones d’ombres, et, quelque soit le motif  qui les ont conduit en prison, pour les regarder et les accueillir comme des frères susceptibles de se corriger.

Ce changement de regard s’enracine dans l’Évangile et il vient questionner tout les discours de fermeture entendus dès lors qu’il s’agit d’envisager une insertion ou d’une libération conditionnelle.

Jésus n’a-t-il pas dit que ses vrais disciples le représenteraient en visitant les prisons (Matthieu 25.36)

Chacun d’entre-nous à le pouvoir d’agir, même si tout le monde n’a pas forcement la compétence d’être visiteur de prison, mais nous avons la responsabilité  de faire évoluer des situations, par exemple, en répondant ou en s’impliquant dans les actions de l’A.C.A.T. De simples petits gestes au niveau de chacun d’entre nous, mais multiplié par dix, cents, mille, cent-mille cela peut faire évoluer des gouvernements et sauver des vies.

Le prisonnier est au  bénéfice de la grâce de Dieu envers tous.

Individuellement, socialement et ecclésiastiquement, retrouvons et construisons ce chemin de fraternité !

 

La pierre angulaire La prière

La responsabilité chrétienne dans l’amour fraternel, l’accueil et le partage, la compassion puise souvent sa vitalité dans la force de la prière. Elle nous apporte pas forcément la réponse à nos questions, et à nos souhaits mais nous donne un espace où nous pouvons reprendre notre respiration, elle nous permet d’oxygéner nos incertitudes et nos faiblesses.

C’est une porte qu’elle nous entrouvre à l’Autre, celui que nous connaissons si mal, cet Autre, avec un grand A majuscule.

Pour mieux être au service des autres, elle nous délivre de nos souffrances, du doute qui peut en résulter, et elle brise la chaîne de nos certitudes. C’est elle qui nous permet d’aller les uns, les autres devant celui qui nous accueil et nous porte tous.

Elle est là pour relever le courage de celui qui se fait défaillant.

La prière est ce don de Dieu, afin que nous ne restions pas en nous-mêmes, elle nous arme, et nous remotive et renforce notre confiance, toujours présente, elle est l’air qui rentre dans nos poumons, fragile et vitale.

C’est elle qui nous permet de dire

« Seigneur, apprend nous l’amour fraternel.

Apprend nous l’hospitalité et le partage, afin que nous nous rendions plus proche les uns des autres.

Apprend nous la compassion, afin que nous puissions vivre ta  vie.

AMEN

Saint-Dié  –  Patrick Cloysil  –  26 juillet 2020

 

 

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