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Épître aux Colossiens 3 / 1-4. 12-17
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texte : Épître aux Colossiens, 3 / 1-4. 11-17 (trad. : Bible à la colombe)
premières lectures : Évangile selon Luc, 9 / 62 ; selon Jean, 12 / 24
chants : 41-28 et 62-86 (Alléluia)
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Chers frères et sœurs, nous qui nous réunissons aujourd’hui, le dernier jour de la semaine, nous sommes pris entre deux versets : celui de la semaine qui s’achève, et celui de la nouvelle qui commencera ce soir ! Je vous rappelle le premier, dans la liturgie d’Alsace et de Lorraine : « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Et aussi le second : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits. » Comment donc ne pas penser que ces versets ont été placés là rien que pour notre Défap et sa « refondation » ?! Nous savons tout ce que nous devons à ceux qui nous ont précédés dans la foi et dans la mission, et nous savons combien cette œuvre inspirée fut bonne, quoi qu’en disent aujourd’hui ceux qui ne l’ont pas connue… Soyons fiers de cet héritage, tant celui de la SMEP que celui de nos trois Unions d’Église. Mais un héritage ne vaut que pour en réaliser les potentialités, pour le mettre en œuvre à notre tour. Or, comme le disent bien les versets retenus dans la liturgie de l’EPCAAL, pour ce faire il faut cesser de regarder en arrière, il faut mourir, mourir à soi-même, à ce qu’on est, à ce qu’on comprend de la vie, et aussi de la foi, de la mission.
Je vous invite alors à écouter un autre texte, que ces deux-là m’ont suggéré – c’est dans l’épître aux Colossiens, au chapitre 3 :
« Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. […] Il n’y a là ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout et en tous. Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’ardente compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres et faites-vous grâce réciproquement ; si quelqu’un a à se plaindre d’un autre, comme le Christ vous a fait grâce, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants. Que la parole du Christ habite en vous avec sa richesse, instruisez-vous et avertissez-vous réciproquement, en toute sagesse, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels ; sous la grâce, chantez à Dieu de tout votre cœur. Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le Père. »
Refondation de nos pratiques, de nos langages, de nos vies, de nos Églises : « cherchez les choses d’en-haut ! » En effet, si nous ne regardons plus en arrière, si nous regardons vers la nouveauté, grands sont alors les risques que nous regardions devant nous, vers l’avenir. Mais ça, c’était déjà la tentation de Jésus au désert ! La vision de l’avenir est une vision diabolique. Ne trouvez-vous pas qu’elle a produit assez de mal et de perversions au cours du XXe siècle ? Faut-il que ça continue, et que nous aussi, nous soyons prisonniers ? Non ! C’est dans une autre direction qu’il faut regarder, c’est vers « en-haut ». Mais « en-haut » n’est pas le lieu d’un pouvoir fantasmatique, le trône d’une idole. Regarder « en-haut », c’est regarder celui qui a été cloué au bois. C’est nous y voir avec lui, chacun de nous, ministres, fidèles, missionnaires « de partout vers partout », et nos Églises aussi. Morts avec lui, ressuscités avec lui, cachés avec lui et victorieux avec lui, par lui. Nous ne savons pas faire ça, nous ne savons pas voir ça, ni en tirer les conséquences. C’est normal, ce n’est pas entre nos mains, ce n’est pas notre œuvre à nous. Mais rappelez-vous : « Dieu est fidèle » (1 Cor. 1 / 9), « c’est lui qui le fera… » (1 Thess. 5 / 24)
Il convient donc de le lui demander, d’invoquer son Esprit, d’implorer sa grâce – dites-le comme vous voulez… Là où les rafistolages et les stratégies ne sauvent rien ni personne, l’Esprit du Dieu vivant, lui, souffle et change le monde, et il le fait par les témoins qu’il anime. Le lui demander, c’est nous rendre disponibles à ce qu’il le fasse. C’est nous attendre à ce qu’il brise nos résistances, qu’il dénonce nos idéologies idolâtres, qu’il mette par terre ce que nous pensions sacré et nécessaire. C’est accepter que nous ne sommes pas tels que nous devrions, ni nous ni nos Églises ni notre mission, et qu’il faut donc, qu’il faut bien, que Dieu fasse avancer son projet à lui non pas avec les nôtres, mais à la place des nôtres, de ceux en tout cas qui ne s’accordent pas au sien. Même Abraham a tergiversé, et plus encore Moïse ; oui, c’est normal que nous aussi. Mais ça ne leur a servi à rien, et donc à nous non plus ! Laissons Dieu agir en nous selon sa volonté, pas selon la nôtre…
Et en attendant que toute chose véridique devienne visible, le programme de notre épître est assez clair : « revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants. » Il me semble que c’est cela que nous sommes appelés à vivre ensemble avec les chrétiens des autres Églises avec lesquelles nous sommes liés, tout comme entre nous d’ailleurs. Et dès que nous le vivons, nous comprenons que cela ne peut pas avoir de frontières : ce programme de vie et de témoignage, nous sommes appelés à le réaliser avec tous ceux que nous rencontrons et qui ne le refusent pas. Nous le faisons déjà ? Amen ! Continuons, alors. Continuons à nouveaux frais, renouvelons-le, laissons le Saint-Esprit nous y renouveler, avec foi et reconnaissance. La mission, n’est-ce pas de rendre visible et audible au-dehors ce qui nous a fait passer nous-mêmes de la mort à la victoire ? Cette chose-là, cette personne-là, ce Jésus-là, le monde ne le connaît pas, mais il l’attend. Il attend de nous que nous en portions témoignage, nous chrétiens d’ici et d’ailleurs, même si cette attente se manifeste parfois de manière pour le moins paradoxale. Or l’Esprit nous permet de nous enrichir mutuellement de ce que nous avons reçu chacun, afin d’y être meilleurs, dans tous les sens du terme. Alors allons-y. Puisse Dieu ainsi bonifier ses serviteurs pour la mission qu’il nous a préparée. Amen.
Service protestant de mission – Défap (A.G.) – David Mitrani – 30 mars 2019