Job 1 / 6-22

 

texte :  Job, 1 / 6-22   (trad. : Parole de vie)

premières lectures :  Évangile selon Jean, 12 / 20-26 ; deuxième épître aux Corinthiens, 1 / 3-7

chants :  232 et 518  (Arc-en-ciel)

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Ce texte, nous le connaissons tous déjà. Le début du parcours spirituel de Job. En le lisant nous pouvons penser à tous nos moments de doutes, ces moments où nous devons subir une défaite, une trahison, un vol, un licenciement, un malheur quelconque ; ces moments où même lorsque l’on regarde les informations, nous voyons moult horreurs et catastrophes. Parfois on réagit à tous cela en se mettant en colère, en hurlant à l’injustice ; et parfois l’on se demande « Mais où est le Seigneur dans tous cela ? »

Personnellement, ce texte me fait aussi penser à un film qui raconte peu ou proue la même chose : la fille aînée d’une famille de puritains en Nouvelle-Angleterre, après une longue lutte contre le diable, après avoir perdu biens et famille, finit par vendre son âme à celui-ci.

Ce qui m’a fait réfléchir, c’était : Quelle est la différence entre la jeune fille prude de la majorité du film et celle qui devient servante de Satan ? C’est amusant, on pourrait presque comparer l’individu à un pont. Si cette jeune puritaine est un pont qui peut supporter une certaine charge, eh bien celle du début porte une charge assez faible, et celle de la fin est le même pont, mais avec une charge bien plus lourde ! Donc il faut faire attention : il y a l’individu, mais aussi le poids qui pèse sur lui… C’est d’ailleurs ce que dit Satan à Dieu au sujet de Job : « Oui, c’est un beau pont ! Mais est-il vraiment solide ? Peut-il tenir une charge lourde ? Sa belle finition est-elle une preuve de qualité ou une façade ? »

Aussi, durant le film (même si là c’est évidemment un ressort scénaristique, puisqu’en plus d’être un film d’époque c’est aussi un film d’horreur) tous les membres de la famille puritaine prient le Seigneur de leur venir en aide, sauf que Dieu est absent, silencieux ! Et qu’arrive-t-il à Job durant toute son histoire ? Dieu sera là aussi muet face à ses paroles ! Car le Seigneur les laisse entre les mains de Satan : ce commandement « Tout ce qu’il possède est en ton pouvoir, mais ne touche pas à sa personne ! » est une vérité pour tous les deux ! Ils perdent leurs biens, les membres de leur famille, se retrouvent à vivre dans la misère. Et pourtant ces gens sont aussi bons que leur foi est tenace ! « Nous avons perdu un enfant, mais nous n’en avions jamais perdu un ! Qui donc mériterait une telle grâce ! » s’exclame le père puritain.

Car il y a une chose à ce moment là qu’ils n’oublient pas : Dieu les aime d’un amour fou.

Je ne suis pas sûr de ce qu’essaye de faire Dieu, car je suis bien loin de l’infini, bien loin du ciel. Veut-il mettre à l’épreuve Job ? Veut-il prouver à Satan qu’il ne peut corrompre son serviteur ?

Mais en fait peu importe : l’unique chose à retenir est « As-tu vu mon serviteur Job ? C’est un homme droit, il me respecte et l’on n’a rien à lui reprocher. »

À travers ce texte, et à travers tout le livre de Job, Dieu me dit qu’il est responsable de mes malheurs comme de mon bonheur. Oui, l’homme ‘parfait’, le vaillant serviteur, peut être accablé. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se plaindre ! « Je suis né nu, je retournerai nu. » Peu importe ce que nous ferons de cette vie, le Seigneur reprendra. Et ce n’est pas un mal, car nous lui devons tout, et nous devons le remercier pour tout ce qu’il nous a donné, ne serait-ce qu’un seul instant. L’homme qui réclame plus d’argent car il a travaillé plus longtemps qu’un autre dans le champ – pour réciter un autre passage de la Bible – aurait raison de réclamer justice dans la logique des hommes ; pas dans celle du Royaume de Dieu, où Dieu donne sans jamais recevoir de notre part ! Qui peut prétendre donner quoi que ce soit à Dieu ? J’y reviendrais plus tard.

Et pourtant il est difficile parfois de ne pas faire ce que l’on attend de Job : difficile de ne pas se détourner de Dieu ! Reprenons le cas du deuil : vous sentez la tristesse s’emparer de votre cœur, vous maudissez le sort de cette perte ! Mais comment pouvons-nous reprocher à Dieu d’avoir offert le plus beau des cadeaux ? D’avoir ramené une âme au côté de son Fils Jésus ! Le cœur souffre, mais c’est un cœur d’homme ! Le même cœur qui se serre lorsqu’une femme ou un homme désiré se trouve avec un autre, par jalousie… Je ne veux pas juger avec méchanceté les défauts humains – qui suis-je pour le faire ? – mais rappelez-vous que Jonas refusa de se rendre à Ninive sur un ordre direct, que Pierre déclara trois fois ne pas connaître le Christ. Ils étaient bons, pourtant Dieu les a mis à l’épreuve. Ils ont échoué, et pourtant Dieu leur a pardonné. Pourquoi ? Parce que l’essentiel est ailleurs.

Regardons ce que dit Élihou à Job dans le même livre, chapitre 35 versets 5 à 8 :

« Examine le ciel, regarde les nuages : ils sont bien au dessus de toi ! Quand tu agis mal, est-ce que tu blesses Dieu ? Quand tu continues à te révolter, qu’est-ce que cela lui fait ? Rien du tout ! Et si tu lui obéis, qu’est-ce qu’il gagne, qu’est-ce qu’il reçoit de toi ? Le mal que tu commets ne blesse qu’un homme comme toi, le bien que tu fais ne profite qu’à des humains. »

Et voilà la grande réponse : Dieu sourit à nos bonnes actions et pleure à nos mauvaises, mais elles ne peuvent pas l’affecter comme elles nous affecteraient. Lorsque nous péchons, nous ne faisons pas du mal à Dieu, nous ne faisons pas perdre Dieu dans son combat face à Satan ! Son amour est si grand qu’il nous laisse à chacun un libre-arbitre, mais Dieu a le pouvoir sur tout. Il contrôle Satan qu’il autorise même à se promener sur son sol, à blesser les êtres humains. Jésus est déjà mort sur la Croix pour nous sauver, la victoire est déjà acquise ! Elle est absolue, totale, elle ne peut pas être entachée ! Alors où est le problème lorsque notre cœur se remplit de péché ? Il est pour nous ! Comme le dit un entraîneur de football que j’adore, lorsqu’on lui parle de sa manie de constamment utiliser la même tactique, même en cas d’échecs ; il répond « Ceci est ma conviction, pour moi le football doit être joué ainsi. Et peu importe si je perds, l’important ce n’est pas de perdre mais de me perdre. »  Et se perdre, pour un chrétien, c’est perdre le chemin de Dieu. Le perdre comme la jeune puritaine du film, parce qu’il est loin.

Mais n’est-ce pas cela la Foi ? N’est-ce pas croire ce que l’on ne voit pas ? N’est-ce pas croire que lorsque la nuit est longue et noire, le jour reviendra, même dans un an, même dans un siècle, mais reviendra ?

À la fin de cet extrait, Job a tout perdu : ses animaux, sa famille, toutes ses possessions. Et pourtant il remercie Dieu, car des jours et des jours il l’a laissé profiter de toutes ces choses que Satan lui a prises.

La jeune fille du film, dans la même situation que Job, à la fin du film accepte « de vivre délicieusement ». Elle peut voler, explorer le monde, vivre pendant longtemps et dans la fortune : n’est-ce pas ce que l’on pourrait rêver comme vie terrestre ? Mais comparé au paradis, à ce que nous offre Dieu ? Alors oui, la route est caillouteuse, on risque de tomber et de s’écorcher ; le côté sombre est plus rapide et plus facile. Mais il faut tenir bon, non pas pour Dieu, mais pour le lien entre lui et nous-mêmes, le lien entre le mouton et le berger. Pour que nous ne nous égarions pas.

Et même si un jour nous devions nous égarer – ce qui peut arriver à n’importe lequel d’entre nous – nous devrons toujours revenir à la maison. Car Dieu nous recevra comme le père a reçu le fils prodigue. Amen.

Saint-Dié  –  Vincent Vinot  –  11 mars 2018

 

 

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