Culte partage autour de Luther

téléchargez le fichier PDF ici

 

De la liberté du chrétien § 1

Premièrement. Pour que nous puissions bien connaître ce qu’est un chrétien et savoir ce qu’il en est de la liberté que le Christ lui a acquise et donnée et dont saint Paul parle abondamment, je veux poser ces deux thèses :

  • Le chrétien est un libre seigneur sur toutes choses et il n’est soumis à personne.
  • Le chrétien est un serviteur obéissant en toutes choses et il est soumis à tout un chacun.

Ces deux thèses se trouvent clairement chez saint Paul, en 1 Corinthiens, 9 : « Je suis libre en toutes choses et je me suis fait le serviteur de tout un chacun. » De même, en Romains, 13 : « Vous ne devez être redevable de rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres. » Or l’amour est serviable et soumis à l’objet de son amour. De la même manière, il est aussi dit du Christ, en Galates, 4 : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, et il l’a soumis à la Loi. »

introduction au partage sur ce texte

Chers amis, si les 95 thèses sur la vertu des indulgences sont le point de départ du protestantisme, le traité De la liberté du chrétien est en le résumé incontournable. Je viens de vous en lire le premier paragraphe, qui donne le plan de l’ouvrage, ces deux thèses. Ce sont elles dont je vous invite à débattre maintenant.

Ne cherchez pas forcément à faire de la haute théologie, et encore moins à savoir à quoi ressemblait le contexte social de l’époque. Cherchez plutôt à comprendre et à dire ce que ces deux thèses provoquent en vous comme réactions, positives et négatives, comme interpellations sur votre propre vie chrétienne. Partagez tranquillement vos réceptions peut-être différentes de cette parole.

Vous semblent-elles une bonne interprétation de la Parole de Dieu ? Correspondent-elles à votre idée de ce qu’un chrétien est appelé à vivre dans sa vie de tous les jours ? Qu’est-ce qui y concourt ? Qu’est-ce qui s’y oppose ? Vous avez un quart d’heure pour partager là-dessus en petits groupes de 5 ou 6. La musique y mettra fin. N’hésitez pas à bouger si besoin. Je vous relis ces thèses :

  • Le chrétien est un libre seigneur sur toutes choses et il n’est soumis à personne.
  • Le chrétien est un serviteur obéissant en toutes choses et il est soumis à tout un chacun.

partage en groupes, puis méditation musicale

reprise de la réflexion

Le traité de Martin Luther s’intitule Von der Freiheit eines Christenmenschen : « Un » chrétien. Un chrétien, vous et moi. Pas un chrétien théorique, idéal, fantasmatique. Non. Un chrétien réel. N’importe qui. Mais n’importe qui, qui vit de ce que le Christ a fait pour lui. Car la foi chrétienne n’est pas un système de doctrines, c’est l’expérience intime et aussi communautaire du péché qui empêche de vivre, et de la mort du Christ qui le fait exploser afin, justement, que nous vivions et marchions libres aux yeux de Dieu, aux yeux des autres et à nos propres yeux.

Là où le diable – ou appelez ça comme vous voulez – me tenait captif, la mort de Jésus m’a libéré de tout, en faisant de moi un enfant de Dieu, me redonnant une dignité que je n’avais pas, me faisant seigneur de ma vie et du monde. Mais cette seigneurie, cette puissance, ne s’exerce pas à la manière des hommes. Elle ne s’exerce pas sur les autres, mais pour les autres. Nous avons été libérés, oui, mais libérés pour servir. Ce qui n’est possible que dans l’amour du Père et la communion de Jésus-Christ, par le Saint-Esprit. Comme Paul l’écrivait aux Éphésiens à propos du salut : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph. 2 / 8)

Ainsi les deux thèses du traité de Luther ne s’opposent-elles pas, ni ne concernent deux moments de la vie chrétienne. Mais au contraire, elles disent la même chose, dans deux registres différents. Elles me désignent, moi tout entier, avec des concepts que le péché humain oppose, tout comme fait le rationalisme humaniste : la liberté et la servitude. L’Évangile m’atteste que la servitude, celle du Christ mourant sur la croix pour moi, est le moyen et la garantie de ma liberté. Et l’Évangile m’appelle à vivre cette liberté dans l’amour et non dans la solitude qui m’enfermerait à nouveau, c’est-à-dire dans le service des autres, dans le pardon et la charité.

Ainsi, je suis libre de faire passer les autres avant moi, je suis libre en faisant passer les autres avant moi, comme le Christ a fait en me faisant passer, moi, avant lui-même. Tel est son amour, tel peut être le mien, le vôtre, le nôtre les uns avec les autres. L’Évangile n’est pas un livre à connaître, c’est une aventure à vivre. Vous et moi n’en sommes pas capables. L’Esprit saint nous en rend capables, dans la liberté commune et la soumission mutuelle, en Christ. Amen.

Saint-Dié  –  David Mitrani  –  30 avril 2017

 

 

Contact