Psaumes 126 – 127

 

texte : Psaumes 126 – 127  (trad. André Chouraqui)

première lecture : Évangile selon Marc, 10 / 35-45

chants : 450 et 465 (Arc-en-ciel)

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Pourquoi les « nations », c’est-à-dire les païens, disent-ils qu’ « Adonaï a fait grand pour agir avec nous » ? À cause de grands miracles ? À cause de la pénible survie du protestantisme en France ? À cause de nos élites économiques et intellectuelles qui croient avoir protestantisé la société, quand tout montre le contraire ? Ou parce que Dieu guérit nos maladies du corps et de l’esprit, et nous plonge dans un enthousiasme débridé ? – Ça se saurait ! – Non. C’est parce que « le Fils de l’Homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. » C’est ce qui, à des yeux raisonnables, scelle sa défaite, qui fut et qui est notre victoire.

 

Dans les deux psaumes que je viens de vous lire, il y a deux jeux de mots qui donnent du sens. Dans le premier, ce que la traduction de Chouraqui rend par « retour », là où d’autres disent que « l’Éternel a fait revenir nos captifs ». En fait, le texte rappelle – ou annonce, puisque c’est l’Ancien Testament – que Dieu est revenu vers nous, dans le même mouvement où il nous fait revenir vers lui. Le psaume dit, de manière voilée, l’abaissement de Dieu, un abaissement qui nous sauve et nous réjouit. Et qui nous permet la suite, qui nous permet de vivre une vie nouvelle, non plus de « larmes », mais de « jubilation ».

 

Dans le second psaume, le jeu de mots est intraduisible : c’est que « fils » et « bâtir » en hébreu se disent de la même façon. Il convient donc de ne pas seulement lire ce psaume comme une bonne morale d’une société rurale, selon laquelle plus on a de garçons, mieux on arrivera à gérer l’avenir… Pas besoin de la Bible pour dire ça ! Mais le Fils, nous savons qui il est : Jésus, là encore, Jésus « venu […] pour servir et donner sa vie. » C’est lui qui construit notre maison, à la fois nos maisons individuelles, c’est-à-dire notre existence, mais aussi notre maison commune, l’Église dans laquelle nous savons que nous ne craignons plus aucun ennemi, et dans laquelle nous pouvons « nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimés », devenant ainsi nous aussi des fils, des bâtisseurs – que nous soyons hommes ou femmes !

 

C’est à cela que nous sommes appelés, à un service les uns des autres, et au service de ceux du dehors, sans crainte, mais avec la conscience que nous sommes associés à l’œuvre de Dieu, à la mission de Dieu, « pierres vivantes » d’un temple spirituel. Non pas seulement les pasteurs ou les conseillers presbytéraux, non pas seulement les catéchètes et ceux qui sont actifs dans l’Entraide, mais nous tous, tous les chrétiens. C’est notre vocation, c’est notre bonheur, que d’y œuvrer ensemble. À cause de Jésus-Christ. Amen.

 

Saint-Dié (Assemblée générale) – David Mitrani – 13 mars 2016

 

 

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