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Première épître de Pierre 2 / 1-10
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texte : Première épître de Pierre, 2 / 1-10 (Trad. Œcuménique de la Bible)
première lecture : Néhémie, 8 / 2-4a. 5-6. 8-10
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« Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur ». Tel est le résumé du verset de l’apôtre Pierre qui sert de titre et de centre à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens cette année. Et la première lecture du jour, l’extrait du livre d’Esdras et Néhémie, est en résonance avec cela. On y a entendu Esdras lire la Bible à haute voix à tout le peuple des croyants, et les Lévites la leur expliquer. Ce qui est très protestant, n’est-ce pas ! Aujourd’hui nous pouvons y être ensemble, la Bible est pour tous, et peut-être pourrons-nous reprendre des études bibliques communes… Mais il est bon que nos frères et sœurs des diverses Églises de Lettonie aient plutôt choisi la Première de Pierre pour illustrer cette célébration ; je vais vous dire pourquoi.
C’est que, justement, cette lecture biblique d’Esdras est trop protestante ! Comme si lire la Bible et la comprendre suffisait, et ne devait entraîner que la repentance et la louange. Bien sûr, c’est le premier pas, le passage obligé : sortir la Bible de son étagère sacrée afin que tout le monde puisse lire et comprendre ; et puisqu’alors on comprend la parole de Dieu, on ne peut que pleurer sur nos fautes, et nous réjouir de sa grâce, de son pardon immérité, de ses « hauts faits ». Le risque est alors double : ne connaître de Dieu que ses « hauts faits » du passé, d’il y a longtemps ; et nous arrêter à la louange, comme si nous étions des anges dans le ciel. Or, chers amis, nous sommes beaucoup plus que des anges, nous sommes sur terre, et nous avons reçu un appel bien différent du leur ! Mais notre mission leur ressemble, pourtant…
Car dans la Bible, les anges sont des messagers, pas des contemplatifs. Et dans le mot ici traduit par « proclamer », il y a le mot « ange » ! Le mot signifie exactement : « annoncer à l’extérieur ». Nous sommes donc appelés à annoncer à l’extérieur l’œuvre de Dieu. À l’extérieur, vous entendez bien. Pas entre nous. Parce que, ça, nous savons faire, mais ça ne sert pas à grand’ chose… Nous sommes – vous et moi tous ensemble, et sans tenir compte de nos différences confessionnelles – nous sommes des « anges tournés vers dehors », nous avons mission de parler de Dieu à ceux qui ne le connaissent pas. C’est une mission difficile, et c’est la raison pour laquelle Dieu n’a pas choisi n’importe qui : il vous a choisis, vous. L’apôtre Pierre le dit expressément en insistant sur ce choix de Dieu.
Mais de quels « hauts faits » de Dieu allons-nous donc parler aux gens ? De ce qui se trouve raconté dans la Bible ? S’ils y sont réceptifs, pourquoi pas… Ça peut faciliter alors l’échange. Mais on ne saurait en rester là ! S’ils n’y sont pas particulièrement ouverts, qu’est-ce que ça peut bien faire aux gens d’aujourd’hui que Dieu ait délivré son peuple de l’esclavage il y a plus de 3.000 ans, ou même que Jésus soit ressuscité des morts il y en a 2.000 ? Non. Ce à quoi les gens risquent d’être plus sensibles, c’est à votre propre témoignage, c’est à ce que Dieu – le Dieu de la Bible, certes – Dieu vous a fait à vous, personnellement ! Vous a-t-il « appelés hors des ténèbres vers sa merveilleuse lumière » ? Alors, de ceci soyez témoins, dites-le, et ceux pour qui vous comptez vous croiront. Parlez-leur de cette « merveilleuse lumière », dites-leur que c’est pour vous que le Christ est mort et que c’est pour vous qu’il est ressuscité des morts ; dites-leur que vous êtes vivants avec lui, aujourd’hui !
Car si c’est vrai pour vous, alors cela peut le devenir pour eux. Si des gens comme eux ont pu ainsi être illuminés et transformés par la résurrection de Jésus-Christ – ce que la sortie d’Égypte annonçait déjà dans l’Ancien Testament – alors eux aussi peuvent recevoir cette lumière et en être à leur tour transformés. « Car c’est à vous qu’est destinée la promesse, et à vos enfants ainsi qu’à tous ceux qui sont au loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera.» (Actes 2 / 39) Cette promesse de l’apôtre Pierre lors de la Pentecôte n’est plus d’abord pour vous – parce que ça, c’est fait – mais bien pour les vôtres et tous ceux que vous rencontrerez… si vous les rencontrez ! Comme l’écrivait l’apôtre Paul cette fois : « En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Or, comment l’invoqueraient-ils, sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui, sans l’avoir entendu ? Et comment l’entendraient-ils, si personne ne le proclame ? Et comment le proclamer, sans être envoyé ? Aussi est-il écrit : “Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles !” » (Rom. 10 / 13-15)
Nous tous, baptisés dans la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes les prêtres du Grand Roi, les « pierres vivantes » de sa « Maison ». C’est à nous tous, à chacun de nous, de mettre en œuvre ce sacerdoce pour lequel nous avons été appelés par le baptême. Nous avons à témoigner au monde, par nos gestes et nos paroles, du salut, du bonheur, de la liberté, de la dignité filiale, que Dieu accorde à chacun en Jésus-Christ, et qu’il nous a accordés à nous autres. Nous n’aurons pas tous les mêmes gestes, nous n’aurons pas tous les mêmes paroles, mais tous nous rendrons témoignage à Jésus-Christ vivant aujourd’hui, à son Esprit agissant dans nos vies à nous, au Père qui a fait de nous ses enfants. L’Église ne sert à rien d’autre, elle n’est convoquée par Dieu que pour cette mission, comme le disait la phrase latine qui terminait l’ancienne liturgie catholique : « ite, missa est » ! Pas seulement un congé de fin de célébration, avant le retour vers le profane, mais au contraire une mission dans le profane : car c’est dehors que le Christ vous envoie parler de lui, c’est dehors qu’il vous attend. Amen.
Raon-l’Étape (église St-Georges, Semaine de prière pour l’unité des chrétiens) – David Mitrani – 24 janvier 2016