Évangile selon Matthieu 11 / 2-6a

texte :

Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Et il envoya dire par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! »

 

 

chant :  54-06

 

 

brève prédication :

 

La question que Jean le Baptiste fait poser à Jésus révèle l’ampleur d’un malentendu qui dure encore aujourd’hui. C’est que « les œuvres du Christ », comme dit le texte, ne correspondent pas à ce que Jean attendait, ne correspondent pas à ce que nous attendions… Jean avait prêché la venue d’un Christ puissant, qui allait faire la révolution sociale, politique et religieuse, comme les prophètes d’autrefois l’avaient annoncé. Ça aurait bien satisfait les petites gens, et aussi ceux qui rêvaient d’un pouvoir qu’ils n’avaient pas.

 

Et puis, Jésus vient, et rien ne se passe comme prévu. Jésus n’annonce pas la punition des méchants, mais leur pardon. Il ne renvoie pas les occupants romains à Rome, mais il guérit ceux qui viennent le lui demander. Il ne prendra aucun pouvoir, mais se laissera crucifier par ses ennemis. Jean attendait, espérait, un super-héros, et tout ce qu’il entend dire depuis sa prison lui fait penser que Jésus est un super-looser !

 

Après tout, n’est-il pas né pauvrement, obligé d’être couché dans une mangeoire au milieu du bétail par manque de place ? On le surnomme Emmanuel, « Dieu avec nous ». Dieu serait-il donc présent parmi nous non pas comme un vieillard barbu trônant dans les nuages, mais comme un homme vulnérable, misérable ?

 

Et pourtant, tout se passe comme si… Comme si des aveugles voyaient, comme si des boiteux marchaient droit, comme si des malades étaient guéris, comme si des sourds entendaient, comme si des morts étaient vivants. « La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres », c’est-à-dire à ceux qui manquent : aux aveugles, aux boiteux, aux malades, aux sourds, à tous ceux dont l’existence est amoindrie par le mal, touchée par la mort.

 

Malgré sa prison, Jean n’est pas un « pauvre » dans ce sens, il n’est pas disponible à ce que Jésus peut faire pour lui, peut faire de lui. Mais nous, le sommes-nous plus que lui ? Sommes-nous prêts à nous laisser toucher par Jésus, le laisser ouvrir nos yeux, redresser notre marche, guérir ce qui nous empoisonne corps et âme, nous ouvrir à sa parole de vie ? Sommes-nous prêts à changer de vie, à naître de nouveau avec et pour Jésus ? Si la réponse est oui – non pas oui nous le ferons, mais oui nous le laissons faire, lui, désormais – alors vraiment, c’est Noël ! Rendons-lui gloire !

 

Saint-Dié (fête de Noël des familles)  –  David Mitrani  –  17 décembre 2023

 

 

 

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