FIG 2023 : Urgences
intervention du pasteur lors du "temps pour la paix" inter-religieux
au Festival international de géographie, le 30 septembre à Saint-Dié
Monsieur le Ministre, Monsieur le Maire, Madame le Maire adjoint, chers amis,
Il est toujours périlleux d’être le dernier à parler, quand les précédents et honorables intervenants ont déjà tout dit ! Pardonnez-moi si je vous répète… Que dirai-je donc sur le thème de l’urgence, ou plutôt des urgences, puisque notre Festival a inscrit ce thème au pluriel ? Une première évidence pour moi, c’est que s’il y a beaucoup d’urgences, alors il n’y en a aucune. À moins de nous laisser entraîner dans la neurasthénie et le désespoir – parfaitement inefficaces et fort éloignés de toute paix – par ceux, et ils sont nombreux, qui voudraient nous y voir tous sombrer, il va nous falloir trier. Quelle est l’urgence la plus urgente, si j’ose dire ? Évidemment, ce n’est pas une réponse politique que je vous proposerai, il y a d’autres gens et d’autres lieux pour ce faire : chacun aura la sienne !
« Le temps est court », écrivait l’apôtre Paul il y a bien longtemps (1 Corinthiens 7 / 29). Ce n’est donc pas une nouveauté ! Mais ce qu’il signifiait par là, c’est que nos affaires humaines, pour importantes qu’elles soient même pour la planète, ne sont pas la question ultime. Il y a une urgence concernant tout un chacun avant-même que de pouvoir concerner le monde entier. C’est le prophète Ésaïe qui en parlait en ces termes : « Cherchez l’Éternel Pendant qu’il se trouve ; Invoquez-le, Tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, Et l’homme de rien ses pensées ; Qu’il retourne à l’Éternel, Qui aura compassion de lui, À notre Dieu, Qui pardonne abondamment. » (Ésaïe 55 / 6-7) Dans le Nouveau Testament, l’épître aux Hébreux nous rappelle par trois fois ce verset d’un psaume : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos cœurs. » (Hébreux 3 / 7. 15 ; 4 / 7 ; Psaume 95 / 7-8)
Tous ces versets concernent notre relation à Dieu. Ils concernent donc notre relation aux autres. Car celui qui n’est pas en paix avec Dieu n’est pas en paix avec lui-même. Et celui qui n’est pas en paix avec lui-même ne peut pas l’être avec les autres ni avec le monde. C’est bien pourquoi l’urgence la plus urgente est là ! Vous aurez beau vouloir décarboner toutes les activités humaines, mettre un terme à toutes les guerres, nourrir le monde entier, établir la justice sociale pour tous… eh bien c’est illusoire, ça ne marchera pas, rien de tout ceci ! Par définition du mot lui-même, l’utopie n’existe pas dans la réalité ! Ce qui existe, ce sont des gens malheureux, une société malheureuse, voire malfaisante. Je citerai encore un prophète, Jérémie cette fois, qui s’insurgeait au nom de Dieu contre les faux prophètes de paix : « Ils soignent à la légère La blessure de mon peuple : “Paix ! paix !” disent-ils ; Et il n’y a point de paix. » (Jérémie 6 / 14)
Je le souligne donc, peut-être un peu lourdement : la paix, les relations humaines pacifiées et restaurées, l’exercice de notre vocation de bons gestionnaires de tout ce dans quoi nous sommes engagés et partout où nous vivons, tout ceci passe par la restauration d’une relation juste avec le Dieu en qui nous avons la vie. Comme chrétien protestant, je ne peux que vous rappeler qu’une telle relation ne se gagne pas, mais qu’elle se reçoit gratuitement à travers la personne de Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection. D’autres ici auront d’autres convictions… Que donc les chrétiens ne se fourvoient pas dans des projets sans avenir non pas parce que ces projets seraient mauvais, mais parce que la paix avec Dieu doit d’abord se recevoir et se vivre. Là est à mon sens la vraie urgence.
Je vous remercie.
Saint-Dié (FIG : temps inter-religieux pour la paix) – David Mitrani – 30 septembre 2023