(vidéo disponible ici : https://youtu.be/Hras-aEF7PI)
Chers paroissiens, chers amis,
Dans la liste fédérative de lectures quotidiennes,
le psaume de ce jeudi est le 89,
dont voici la première phrase :
Je chanterai toujours
les actes bienveillants de l’Éternel ;
ma bouche fera connaître ta fidélité
de génération en génération.
(Ps. 89, v. 2)
Je vous explique pourquoi
j’y ai été sensible :
lors du dernier synode national,
j’ai été une fois de plus frappé
par la méconnaissance de l’histoire,
des jeunes et aussi des adultes,
et même plus :
la non prise en compte de la dimension historique
des individus comme des peuples
et de toute l’humanité.
Ce qui explique bien
pourquoi les gens ont peur de l’avenir :
sans dimension historique,
sans passé ni futur,
on est enfermé dans le présent,
et celui-ci ne donne pas de sens.
Nous sommes alors
comme quelqu’un de malade,
qui ne saurait plus qu’il a été en bonne santé,
qui ne saurait rien de son avenir potentiel.
Une telle personne aurait deux réactions :
la rancœur à l’égard des bien-portants
(pourquoi eux et pas moi),
et l’absence d’espérance
(j’ai mal, point barre…).
On a là tout le problème
des crises actuelles, ici ou ailleurs :
pas de passé, pas d’avenir,
seulement la peur du présent,
irraisonnée, monstrueuse, violente, inefficace…
Le psaume biblique, lui,
se place résolument dans l’histoire.
Non pas que sa date de rédaction soit importante !
Mais le psalmiste chante
la pérennité de la fidélité de Dieu
à travers ses œuvres, sa bienveillance
à l’égard du croyant,
à l’égard de son peuple.
Le croyant (juif ou chrétien)
sait qu’il a une histoire, un passé,
et qu’il a donc un avenir,
parce qu’il est dans la main de Dieu
quoi qu’il lui arrive.
Or cette main s’est montrée bienveillante,
et Dieu ne change pas :
il n’y a aucune raison
que cette bienveillance cesse,
quand bien même j’y serais aveugle
à cause de ce qui se passe aujourd’hui
en moi ou autour de moi.
C’est aussi pour cela
que le croyant ne craint ni la mort, ni l’avenir.
Il fait confiance à Dieu
que ce monde disparaisse ou qu’il demeure,
que moi-même je disparaisse ou que je demeure ici.
L’amour de Dieu ne meurt pas.
Ceux qui sont aimés de Dieu ne meurent pas,
même si leur corps disparaît.
Ma vie et ma mort peuvent être douloureuses ;
l’amour de Dieu, sa compassion
qu’il a manifestés en Jésus-Christ
mort et ressuscité pour moi
et pour le monde,
voilà de quoi m’assurer,
voilà de quoi rire au nez
de la peur et de la mort !
Si le croyant pleure avec ceux qui pleurent,
il ne saurait s’inquiéter
avec ceux qui s’inquiètent !
Au contraire : de sa propre assurance
il peut rassurer les inquiets,
accompagner les souffrants,
consentir tout sacrifice sans véritable portée
pour témoigner du « sacrifice unique et parfait »
de Jésus-Christ, vainqueur de tout mal.
« Ma bouche fera connaître ta fidélité
de génération en génération… »
Bonne semaine à tous,
et peut-être à se voir ce dimanche
pour le culte de la Réformation à Saint-Dié.
Salutations fraternelles,
pasteur David Mitrani